Il y a 445 millions d’années, la région centrale du continent nord-américain était loin de ressembler à ce qu’elle est aujourd’hui. À la place des champs verdoyants actuels se trouvait en effet une mer peu profonde. Une mer bien moins paisible qu’il n’y paraît.


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    Les roches qui nous entourent gardent la mémoire de l'histoire terrestre et des événements qui ont marqué les lieux au fil des millions, voire des milliards d'années. Encore faut-il réussir à lire le message caché dans les strates parfois altérées par le temps et déformées par les épisodes tectoniques. Un travail d'observation minutieux mais qui peut parfois révéler d'étonnantes surprises. C'est ainsi que des géologuesgéologues ont retrouvé les traces d'un important tsunami, qui se serait produit il n'y a pas moins de 445 millions d'années.

    Avec le changement climatique, des météo-tsunamis pourraient survenir de plus en plus régulièrement en Méditerranée durant les années à venir. Décryptage dans notre podcast d'actu Fil de Science. © Futura

    Une mer dans une région aujourd’hui constituée de vastes prairies

    À cette période de l'Ordovicien, la vie animale, bien que diversifiée, est exclusivement marine. Seules quelques plantes primitives peuplent le littoral d’un supercontinent que l’on appelle le Gondwana et de plusieurs autres blocs continentaux comme la Laurentia. Les reliques de ce paléocontinent constituent aujourd'hui le craton nord-américain. Une région centrale du continent, qui est aujourd'hui bien loin de la côte. Et pourtant, les scientifiques ont découvert les traces laissées par un tsunami il y a 445 millions d'années.

    Configuration des plaques tectoniques au début de l'Ordovicien, 470 Ma. Le paléocontinent Laurentia est désigné par les lettres LA. © Kent G. Budge, <em>Wikimedia Commons</em>, CC0
    Configuration des plaques tectoniques au début de l'Ordovicien, 470 Ma. Le paléocontinent Laurentia est désigné par les lettres LA. © Kent G. Budge, Wikimedia Commons, CC0

    Car durant l'Ordovicien, les régions de l'ouest canadien et du nord des États-Unis étaient couvertes d'une mer tropicale peu profonde. Parmi les sédiments déposés au fond de cette mer que l'on appelle bassin de Williston, les géologues ont identifié des dépôts typiques d'un événement brutal - de très forte énergieénergie - qui a totalement remanié le fond marin. Pour les chercheurs, il n'existe pas d'autre explication que celle d’un tsunami particulièrement violent.

    Affleurements de roches d'âge ordovicien dans lesquels ont été retrouvées les traces laissées par un puissant tsunami survenu il y a 445 millions d'années. © Brian Pratt
    Affleurements de roches d'âge ordovicien dans lesquels ont été retrouvées les traces laissées par un puissant tsunami survenu il y a 445 millions d'années. © Brian Pratt

    Un tsunami déclenché par le mouvement le long d’une faille

    Mais quelle en a été l'origine ? Les tsunamis sont générés lorsqu'il y a un brusque déplacement du fond marin, notamment lors d’éruptions volcaniques sous-marines ou de séismes. Dans ce cas, il s'agirait du mouvementmouvement d'une faillefaille dans la partie nord du bassin. D'après l'étude publiée dans la revue Sedimentary Geology, la vaguevague initiale aurait pu se propager sur plus d'un kilomètre à l'intérieur des terresterres. Plusieurs vagues se seraient d'ailleurs succédé, dévastant des terres désertiques.