Un séisme de magnitude 7 s’est produit au large de la Nouvelle-Zélande et pourtant, personne ne l’a ressenti. Et pour cause : il s’agit d’un mécanisme bien particulier que l’on appelle séisme lent, ou séisme silencieux.


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    Généralement, les séismes de cette magnitudemagnitude font parler d'eux, surtout lorsqu'ils se produisent à proximité des côtes. Pourtant, celui-ci est passé totalement inaperçu. Il s'est pourtant produit sur le plus important système de faille de Nouvelle-Zélande qu'est la zone de subduction de Hikurangi. Celle-ci borde la côte est de l'île Nord de l'archipel. Elle résulte de l'enfoncement de la plaque pacifique sous la plaque australienne. Au niveau de la ville de Gisborne, la vitessevitesse de subduction est d'ailleurs impressionnante : six centimètres de plaque pacifique sont ainsi avalés chaque année dans les profondeurs du manteau terrestre.

    Schéma d’une zone de subduction montrant la plaque plongeante (le slab) et la plaque chevauchante. © USGS, <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    Schéma d’une zone de subduction montrant la plaque plongeante (le slab) et la plaque chevauchante. © USGS, Wikimedia Commons, domaine public

    Des séismes lents et silencieux

    Forcément, l'intensité sismique est donc particulièrement élevée dans cette région. De nombreux séismes de magnitude supérieure à 8 ont ainsi déjà été enregistrés le long de cette faille de subduction, certains ayant généré des tsunamis. Pour les scientifiques, un séisme de magnitude 9 n'est d'ailleurs pas exclu. Mais en plus de son potentiel dévastateur, la zone de subductionzone de subduction de Hikurangi est également connue pour présenter un autre type d'événement sismique : ce sont les séismes lents, aussi appelés séismes silencieux.

    La zone de subduction de Hikurangi se situe au niveau de la fosse de Kermadec, le long de la côte est de la Nouvelle-Zélande. © Mikenorton, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    La zone de subduction de Hikurangi se situe au niveau de la fosse de Kermadec, le long de la côte est de la Nouvelle-Zélande. © Mikenorton, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    À la différence de leurs homologues classiques, qui sont caractérisés par une rupture brutale du plan de faille et par la propagation de puissantes ondes sismiques, les séismes lents se produisent quant à eux de manière discontinue et bien plus étalée dans le temps. Si au final l'énergieénergie libérée est la même que pour un séisme classique, le résultat, lui, est très différent. L'énergie emmagasinée par la déformation dans la plaque chevauchante est en effet lentement libérée sur plusieurs jours à plusieurs semaines au lieu d'être brutalement relâchée en quelques minutes. Les séismes lents sont donc généralement imperceptibles par la population et ne causent aucun dégât. Leur effet est cependant bien mesurable grâce aux stations GNSSGNSS qui enregistrent les déplacements du sol.

    L’équivalent d’un séisme de magnitude 7

    C'est ainsi que ces dernières semaines, les scientifiques néo-zélandais ont observé un déplacement de trois à quatre centimètres à la frontière entre les deux plaques. Plusieurs événements similaires se sont déjà produits au cours de l'année 2022. Au total, la quantité d'énergie libérée par ces séismes lents serait équivalente à celle d'un séisme classique de magnitude 7.

    L'étude de ces séismes lents permet aux scientifiques de mieux comprendre le fonctionnement des zones de subduction. Il semblerait d'ailleurs que ce type d'événement précède souvent des séismes de grande ampleur, comme cela a été le cas en 2011 au large du Japon, avec le tremblement de terretremblement de terre dévastateur de magnitude 9,1. Pas d'affolement cependant, car cela ne signifie pas que tous les séismes lents sont suivis d'un événement majeur.