Charles Walcott l'avait découvert en 1909 dans les schistes du Burgess mais son anatomie chimérique défiait les paléontologues. Depuis les années 1990, on y voit plus clair sur ce qui apparaît aujourd'hui comme un terrible prédateur des mers du Cambrien, Hurdia victoria. Une publication récente vient de parachever la description de cet animal étrange.
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Les schistes du Burgess datant d'environ 500 millions d'années sont particulièrement célèbres dans le petit monde de la paléontologiepaléontologie, et pour de bonnes raisons. Située en Colombie-Britannique au Canada, la formation du Burgess a été découverte en 1909 sur les pentes du Mont Stephen dans le Yoho National Park. Son découvreur, le paléontologue américain Charles Walcott, ne se doutait certainement pas de l'impact qu'auront sur la théorie de l'évolutionthéorie de l'évolution les nombreux fossilesfossiles aux formes étranges contenus dans ces schistesschistes.

Plus de 60.000 spécimens provenant de 120 espècesespèces ont ainsi été conservés après avoir été englués au sein de coulées de boues dans les eaux profondes des mers du Cambrien. La finesse des grains et l'isolement rapide de l'action destructrice de l'oxygèneoxygène ont permis une excellente conservation des fossiles d'animaux désormais fameux, comme Opabinia, Hallucigenia ou encore Anomalocaris. Aujourd'hui encore, ces animaux étranges, illustrant l'extraordinaire diversité des formes vivantes apparues brusquement au cours de l'explosion cambrienneexplosion cambrienne, intriguent les paléontologuespaléontologues.

Cliquer pour agrandir. Des traces qui semblent énigmatiques. Mais il s'agit bien de <em>Hurdia victoria</em>. Crédit : Allison Daley
Cliquer pour agrandir. Des traces qui semblent énigmatiques. Mais il s'agit bien de Hurdia victoria. Crédit : Allison Daley

Un cousin de arthropodes actuels

L'exemple de Hurdia victoria montre une fois de plus à quel point il est difficile d'interpréter les fossiles du Burgess et de les rattacher à des formes connues de l'arbrearbre de l'évolution. Bien que découvert dès 1909 par Walcott, cet animal d'une vingtaine de centimètres de long avait d'abord été pris pour une sorte de crustacécrustacé, un concombreconcombre de mer (c'est-à-dire une holothurieholothurie, un échinoderme) et même une méduseméduse.

Aujourd'hui, un groupe de paléontologues canadiens, britanniques et suédois, après des années de recherches, livrent enfin une reconstitution complète de cette espèce, apparentée aux arthropodesarthropodes, qui devait être l'un des grands prédateurs des mers du CambrienCambrien, bien que l'hypothèse d'un charognard ne soit pas exclue.

Cliquer pour agrandir. <em>Hurdia victoria</em> commence à révéler sa vraie nature sur ce fossile. Crédit : Allison Daley

Cliquer pour agrandir. Hurdia victoria commence à révéler sa vraie nature sur ce fossile. Crédit : Allison Daley

Hurdia victoria se présente maintenant sous une forme rappelant celle des Anomalocaris (des anomalicaridés, appelés ainsi car ils ressemblent à des crevettes - caridés - mais avec des anomaliesanomalies). La tête porteporte une paire de petits membres dotés de griffes épineuses qui devaient servir à l'animal pour porter de la nourriture à sa bouche Sur des lobes latéraux sont suspendues de grandes branchiesbranchies. Mais ce qui surprend les paléontologues, c'est la présence d'une coquillecoquille creuse, en forme de pointe, qui dépassait de l'avant de sa tête. A quoi pouvait-elle donc bien servir puisqu'elle ne contenait ni ne protégeait semble-t-il aucun organe ?

Selon l'un des auteurs de l'article, publié dans Science, le paléontologue Jean-Bernard Caron du Royal Ontario Museum, il s'agissait peut-être d'un moyen pour l'animal de rester plus facilement sur le fond en contrôlant sa flottabilitéflottabilité.