Avec la pollution sonore, les oiseaux doivent s'égosiller pour communiquer avec leurs congénères. Mais, avec le confinement, les bruits urbains ont diminué et les oiseaux de la baie de San Francisco ont retrouvé un chant apaisé.


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    Les mesures de confinement prises pour limiter la propagation du coronaviruscoronavirus ont diminué la circulation routière ce printemps. Les autoroutes se sont faites soudainement silencieuses et le bruit des moteurs a laissé sa place aux chants des oiseaux. 

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    Durant le confinement, le trafic routier autour de San Francisco a atteint des niveaux comparables aux années 1950. Des scientifiques en ont profité pour enregistrer le son des oiseaux des alentours, habituellement couverts par la pollution sonore. L'hypothèse des chercheurs est que, durant cette parenthèse de calme, les oiseaux ont modifié leur chant. Les résultats sont publiés dans Science.

    Le chant du Bruant à couronne blanche pour défendre son territoire. © JN Phillips

    Des oiseaux aux chants plus « sexy »

    Ils ont comparé des enregistrements faits dans la même région avant la pandémiepandémie, entre avril et juin 2015-2016, avec ceux effectués entre avril et mai 2020. La star de ces enregistrements est le bruant à couronne blanche (Zonotrichia leucophrys), un petit passereaupassereau commun en Amérique du Nord.

    Lorsque la pollution sonore est importante, le bruant à couronne blanche mâle chante à des fréquences minimales plus élevées. Son chant se propage moins bien dans le brouhaha ambiant et l'oiseau doit chanter fort pour espérer faire passer son message. Les scientifiques ont observé que les oiseaux urbains chantaient beaucoup plus forts que leurs collègues ruraux.

    Mais, sans la pollution sonore, les oiseaux des villes n'ont plus besoin de chanter fort, et le spectrespectre sonore de leur chant converge petit à petit avec celui des oiseaux ruraux. Les bruants à couronne blanche chantent plus doucement, avec des notes plus graves. Grâce à d'anciens enregistrements, les scientifiques ont pu établir que le chant de cette espèce d'oiseau a été comparable à celui des individus vivant dans les années 70 durant le confinement.

    « Leurs chants sonnaient mieux, plus "sexy". Ils étaient de meilleurs concurrents et étaient de meilleurs partis aux yeuxyeux des femelles », explique Elizabeth P. Derryberry, première autrice de l'étude. Cette étude montre aussi la vitessevitesse à laquelle les oiseaux s'adaptent à leur environnement.