Une étude sur quatre décennies révèle qu'au nord-est des États-Unis, la vitesse du vent à l’intérieur des terres a nettement diminué. Cet affaiblissement est-il dû au changement climatique ? L'éolien est-il affecté ? Ces questions ont été posées lors d'un récent congrès.

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    L'énergie éolienne se développe de plus en plus dans le monde. Si la part de l'éolien ne représente que 2,8 % de la production d'énergieénergie en France, le ministère de l'Énergie des États-Unis envisage de produire  20 %  de son électricité à partir d'éolien d'ici 2030. Le vent est pourtant un paramètre météométéo aléatoire qui est en outre perturbé par le changement climatique et l'urbanisation. Plusieurs études ont déjà montré que le vent et la circulation atmosphérique en général sont affectés par le réchauffement climatique. 

    Durant le grand rassemblement de l'American Geophysical Union (Agu meeting), le 5 décembre 2012, les chercheurs Kelly Knorr et John Merrill ont en particulier présenté des résultats sur la tendance du vent en Nouvelle-Angleterre, au nord-est des États-Unis. Une étude sur le long terme du vent moyen dans cette région révèle une réduction de 15 % de sa vitessevitesse à l'intérieur des terres, tandis qu'elle reste constante sur la côte.

    Un anémomètre, placé au TF Green Airport de Warwick dans le Rhode Island fournit des mesures depuis 1975. À cet endroit, la vitesse moyenne du vent est passée de 16,6 km/h à 14,2 km/h en 2011. De même, l'anémomètre situé au New Bedford Regional Airport (Massachusetts) montre que la vitesse s'est réduite de 15,1 à 14,2 km/h entre 1973 et 2011. En revanche, à la Buzzards Bay, la vitesse est restée constante, à environ 28 km/h. 

    Deux éoliennes du Texas qui servent à alimenter les pompes à eau électriques. © United State Department of Agriculture, DP

    Deux éoliennes du Texas qui servent à alimenter les pompes à eau électriques. © United State Department of Agriculture, DP

    Plusieurs facteurs liés à la chute de vitesse du vent

    Plusieurs explications sont possibles. La première est la modification du milieu environnant. L'appareil de mesure, en effet, est fixe depuis presque 40 ans. Or, l'urbanisation et le paysage alentour ont largement évolué. Kelly Knorr explique : « la hauteur de l'anémomètre est à peu près au même niveau mais, tout autour, le reste a poussé, comme les bâtiments et les forêts. Cela crée une forme de rugosité qui pourrait diminuer la vitesse du vent ».

    Le changement climatique pourrait aussi être un facteur. « Le sud de la Nouvelle-Angleterre a généralement connu une longue période de tempêtestempêtes hivernales fréquentes, mais avec le changement climatique, ce modèle hivernal se déplace vers le nord, ce qui signifie que nous sommes peut-être dans ce schéma moins souvent. Si ces tempêtes sont moins fréquentes, les vitesses moyennes du vent diminuent » souligne Kelly Knorr. 

    L'équipe du chercheur John Merrill a besoin d'étendre le champ de mesures pour confirmer ces observations et étayer ces théories. S'agit-il d'un phénomène local ? Peut-on l'étendre à tout l'intérieur des terres américaines ? Une tour permanente a récemment été installée sur le campus de la baie de Narragansett (un fjordfjord) pour commencer à long terme un suivi de la vitesse du vent. L'équipe analysera également les données provenant d'autres sites, où des données à long terme sur les vitesses de vent ont été enregistrées. Ils pourront ainsi les comparer aux données de leurs sites initiaux.