Le Chili se positionne comme l’un des plus importants exportateurs de vin au monde. Mais, parmi cette production de masse, c’est en altitude qu’il faut aller pour dénicher une perle rare. Car, en plein désert d’Atacama, à 3.000 mètres d’altitude, une poignée de viticulteurs produit un vin aux saveurs atypiques.


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    Un vaste plateau désertique et aride, à plus de 2.500 mètres d'altitude, niché au cœur des Andes chiliennes. Pas de doute, nous sommes bien loin des classiques paysages viticoles du bordelais français. Et pourtant, au milieu du désert d'Atacama, l’un des environnements les plus extrêmes au monde, une poignée de viticulteurs veille sur quelques parcelles de vignoble.

    Faire pousser de la vigne dans un désert : un défi de taille

    À peine plus de 10.000 bouteilles de vin sortent chaque année de ces terres desséchées, où chaque espèce animale et végétale lutte pour survivre. Le Chili possède pourtant des terres bien plus propices à ce type de culture, au niveau de la vallée centrale. Des conditions climatiques favorables, de l'eau et surtout un savoir-faire hérité de la colonisation espagnole placent d'ailleurs ce pays dans le top 10 des plus gros exportateurs de vins.  

    Vignobles dans la vallée de Casablanca au Chili. © Romulo A. Ceccon, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by 2.0
    Vignobles dans la vallée de Casablanca au Chili. © Romulo A. Ceccon, Wikimedia Commons, CC by 2.0

    Au milieu de l'énorme production de vins chiliens, la production de la coopérative Ayllu, qui réunit les 18 petits viticulteurs dispersés dans le désert d'Atacama, ne représente qu'une infime goutte d'eau (ou de vin). Malgré le défi que représente la culture de la vigne dans ce type d'environnement, les viticulteurs tiennent pourtant à perpétuer leurs savoir-faire. Car les vins du désert qu'ils produisent ont une véritable valeur ajoutée face aux vins bien plus classiques produits en massemasse dans la vallée.

    C'est avant tout un formidable challenge, l'occasion de valoriser ces terres hostiles et de proposer quelque chose de radicalement différent. Parmi les difficultés qui s'imposent aux viticulteurs, les énormes écarts de température entre la nuit et le jour, et la quasi-absence d'eau. Mais les exploitants ont su mettre en œuvre des stratégies d'irrigation et de protection des cultures qui leur permettent de cultiver de la vigne jusqu'à une altitude de 3.600 mètres. Les cépages ont également été finement sélectionnés, jusqu'à ne retenir que les plus adaptés. Ainsi, c'est le malbec qui semble le mieux supporter le fort taux de borebore présent dans le sol.  

    Des parcelles de vignes dans le désert d'Atacama au Chili. © Chelsea Leven, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
    Des parcelles de vignes dans le désert d'Atacama au Chili. © Chelsea Leven, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Un environnement hostile pour un goût inimitable

    Car ici, c'est tout l'environnement qui impose une marque forte sur les fragiles grappes de raisins. Le sol, d'origine volcanique et possédant une forte salinité, va apporter une note clairement minérale en bouche. D'un autre côté, l'altitude, la faible pression atmosphériquepression atmosphérique et l'importante amplitude de température entre le jour et la nuit ont également une forte influence sur le goût de ces vins atypiques. Pour se protéger de ces rudes conditions environnementales, les raisins vont en effet produire une peau plus épaisse et plus riche en tannins. Il en résulte une certaine amertume. « C'est le goût du désert », affirment fièrement les viticulteurs.

    Paysage aride du désert d'Atacama © ESO, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by 4.0
    Paysage aride du désert d'Atacama © ESO, Wikimedia Commons, CC by 4.0

    L'eau, dispensée avec parcimonie grâce à un système de goutte à goutte, provient de la fontefonte des neiges sur les sommets. Car, dans cette région reconnue comme étant la plus sèche au monde, il est des endroits qui n'ont pas enregistré la moindre goutte de pluie depuis des années. D'un autre côté, l'association de la vigne et des caroubiers permet de protéger les cultures des terribles rayonnements solairesrayonnements solaires qui frappent le paysage durant la journée.

    Si le travail n'est pas de tout repos et que la production reste malgré tout très limitée, de nombreux agriculteurs de la région se sont reconvertis dans la viticulture. Signe d'un pari gagnant.