Le douzième épisode de Chasseurs de science est disponible à l'écoute ! Cette fois-ci, nous vous proposons une rencontre haute en couleur avec le scientifique anglais qui a découvert le premier dinosaure... alors que le mot n'existait pas !


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    Dans les couloirs de l'université d'Oxford, au XIXe siècle, une voix puissante sort d'une salle de classe. C'est celle de William Buckland. Le scientifique a marqué son temps par sa personnalité truculente, mais aussi par l'importance de ses travaux scientifiques. Ce passionné de fossiles, et d'animaux en général, est à l'origine de la première description d'un dinosaure. Ce nouvel épisode de Chasseurs de science vous propose de passer quelques instants en sa compagnie et de le suivre dans ses conférences et dans ses analyses de fossiles.

    « L'extravagant William Buckland et le premier dinosaure » est le douzième épisode inédit de notre podcast sur les traces des aventuriers de la science. Découvrez-le dès à présent sur vos plateformes de podcast favorites.

    Le Megalosaurus, le dinosaure qui n'en porte pas encore le nom

    À partir de 1815, Buckland rassemble plusieurs fossiles qui semblent appartenir à la même espèce, mais quelle espèce ? Rien de tel n'a jamais été décrit. La mâchoire titanesque qu'il a retrouvée dans la carrière de Stonesfield semble appartenir à un lézard géant disparu. Il décide alors de l'appeler le Megalosaurus. Sans le savoir William Buckland vient de décrire le premier dinosaure de l'histoire. Nous sommes alors en 1824. Mais, à cette époque, le mot n'existe tout simplement pas, il sera inventé en 1841 par un autre paléontologuepaléontologue. En se basant sur les fossiles, William Buckland propose une description du premier dinosaure plutôt... originale !

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    Transcription du podcast

    Bienvenue dans Chasseurs de science, un podcast produit par Futura, je suis Julie et je serai guide temporelle pour ce voyage. Aujourd'hui nous remontons le temps à la racine de la paléontologie, en compagnie d'un homme qui a marqué l'histoire scientifique de la première moitié du XIXe siècle autant de par ses travaux scientifiques que de par sa personnalité fantasque.

    À la fin du XVIIIe siècle, le jeune William Buckland parcourt en long et en large la campagne anglaise du Devon dans laquelle il vit. Il visite les grottes, les forêts, les carrières à la recherche de quelque chose de bien précis : des fossiles. En effet, le Devon, mais aussi le Dorset, juste à côté, sont connus pour leurs gisements d'ossements et de restes d'animaux. Bien des années plus tard, il fera une découverte qui marquera l'histoire des sciences.

    William Buckland commence ses études sur les bancs des cours de théologie de l'université d'Oxford, mais il s'intéresse aussi aux sciences naturelles, et notamment à la géologiegéologie, où il excelle. En 1813, il devient chargé des cours de géologie et de minéralogie à l'université. Sa légende commence ici. 

    Les cours de sciences naturelles n'attirent pas beaucoup d'étudiants car ils ne sont pas obligatoires. Mais peu à peu, les conférences de Buckland deviennent l'attraction de l'université. C'est un vrai showman qui tient ses élèves en haleine en vivant ses cours comme des pièces de théâtre, où la science côtoie des imitations clownesques. Ses qualités d'orateur font de lui un génie de la vulgarisation scientifique.

    Un témoignage d'un étudiant de l'époque permet de s'imaginer l'ambiance qui régnait dans la salle de cours :

    « Buckland, un crânecrâne de hyène dans la main se précipita vers le premier élève assis au premier rang et cria " Qu'est-ce qui dirige le monde ? ". L'élève, absolument terrifié, ne répondit rien. Il se dirigea alors vers moi, le crâne de hyène tout près de mon visage. " Qu'est-ce qui dirige le monde ? " Sans connaître la réponse, je dis " L'estomacestomac, sir ". Il poussa une exclamation. »

    L'extravagant William Buckland propose aussi de l'alcoolalcool à ses élèves et n'hésite pas à partager ses anecdotes les plus insolites. Il assure qu'il a goûté à tous les animaux qui existent -- sauf la taupe et la mouche à viande, qui sont immondes à ses yeuxyeux. Il en sert à dîner à ses invités. Il a aussi goûté de la chair humaine ! Il aime raconter qu'il a avalé un fragment du cœur de Louis XIV, sans dire s'il l'a trouvé à son goût, lors d'un dîner chez la famille Harcourt .

    Sa personnalité n'empêche pas William Buckland d'être un scientifique sérieux. Les fossiles constituent toujours le squelette de son travail de recherche. Il publie un premier ouvrage remarqué en 1822. Dans Reliquiae Diluvianae il décrit et analyse plusieurs fossiles, notamment ceux d'un hippopotame, trouvés dans la grotte de Kirkdale dans le Yorkshire. Il démontre alors que ces restes ne proviennent pas d'animaux morts pendant le Déluge, mais qu'ils sont les témoins d'une faunefaune tropicale passée. Fils d'un pasteur anglican et croyant lui-même, William Buckland ne partage pas les idées de Charles DarwinCharles Darwin sur la théorie de l'évolutionthéorie de l'évolution, mais il a tout de même un point de vue différent de ses contemporains créationnistes. Il pense qu'il existait des animaux sur TerreTerre avant l'apparition des Hommes.

    Ce n'est pas son travail le plus célèbre. Une autre collection de fossiles concentre toute l'attention de Buckland. Au fil des années, il en a découvert plusieurs dans la carrière de Stonesfield, qui appartiennent à la même espèce. Il a bien une idée en tête, mais elle semble folle. Il l'expose tout de même à l'anatomiste français George Cuvier. Ce dernier pense que les fossiles sont les restes d'animaux disparus, plus particulièrement des reptilesreptiles.

    Après sa correspondances avec Cuvier, Buckland en est sûr : les vertèbres, les os des membres, et surtout cette mâchoire dotée de longues dents pointues, sont les restes d'un lézard géant, long de plus de 30 mètres, qui devaient marcher à quatre pattes, le ventre près du sol un peu comme un crocodilecrocodile. Il le baptise Megalosaurus : le lézard géant. En 1824, il publie son ouvrage le plus célèbre Notes sur le Megalosaurus, ou le lézard géant de Stonesfield.

    Sans le savoir, il vient de décrire le premier dinosaure de l'histoire. En effet, le mot « dinosaure » ou dinosauria n'existe tout simplement pas. Il est inventé en 1841 par le paléontologue Richard Owen, à partir de deux mots grecs : deinos qui signifie « terriblement grand », et sauros pour « lézard ». Owen repense aussi la description de Buckland, en suggérant que le Megalosaurus possède de longues pattes postérieures et deux pattes antérieures plus petites, ce qui correspond plus à l'image actuelle des dinosaures.

    Quelques années après la parution de son ouvrage phare, la santé mentale de Buckland commence à décliner. Ses extravagances cachent le début d'une démencedémence sévère. Mais c'est un scientifique reconnu : il a reçu bon nombre d'honneur comme la médaille Copley de la Royal Society, la récompense la plus prestigieuse et ancienne décernée par la société savante anglaise, dont il fut membre de sa jeunesse. Et comme ses délires ne détonnent pas avec sa personnalité, personne ne le voit alors comme un vieil homme sénile. Il meurt finalement en 1856 à l'âge de 72 ans, laissant derrière lui un héritage énorme.

    Si Buckland reste avant tout célèbre pour sa description du Megalosaurus, il est aussi à l'origine d'une discipline scientifique à part entière : l'analyse des coprolithes, des excréments fossilisés. On peut imaginer, au regard de la personnalité atypique de Buckland, que c'était sûrement sa plus grande fierté. 

    En parlant des coprolithes, on raconte que le truculent scientifique buvait le thé avec ses invités, qui posaient leurs tasses et leurs cuillères sur une table faite à partir d'un énorme excrément fossilisé coupé en deux. 

    Merci d'avoir écouté Chasseurs de science. La musique de cet épisode a été composée par Patricia Chaylade. Au texte et à la narration Julie Kern.

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