Au Danemark, on n’a pas - beaucoup - de céréales, mais on a des idées. Cultiver des algues pour produire du bioéthanol semble là-bas une idée à creuser. Elle pourrait aussi être intéressante ailleurs…

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    L’ulve, ou laitue de mer, encombre souvent nos côtes et serait peut-être mieux, sous forme d’éthanol, dans nos réservoirs… © Peter Bondo Christensen

    L’ulve, ou laitue de mer, encombre souvent nos côtes et serait peut-être mieux, sous forme d’éthanol, dans nos réservoirs… © Peter Bondo Christensen

    A l'Institut National de Recherche Environnementale (université d'Aarhus, sur la côte Est), Michael Bo Rasmussen est déjà passé aux tests. La laitue de mer (Ulva lactuca), une belle et grande algue d'un vert cru, pousse vite et bien, nettement mieux que le blé, qui sert justement à fabriquer du bioéthanol. Pour les Danois, l'intérêt est évident. Les surfaces agricoles manquent un peu d'espace (le pays produit environ 5 millions de tonnes de blé contre, bon an mal an, 35 millions pour la France) et l'idée d'utiliser la côte paraît intéressante.

    L'équipe de chercheurs a donc mis l'ulve à l'épreuve pour estimer ce qu'il est possible d'en tirer. Si on la compare au blé, la laitue de mer gagne sur la plupart des terrains. Non seulement sa croissance est plus rapide (l'algue double son poids tous les trois à quatre jours) mais, à surface égale, la production de biomasse (sans eau, donc) est considérable. Alors que, poussée au maximum, la production de céréales ne dépasse pas dix tonnes à l'hectare, il serait possible, d'après les chercheurs, d'atteindre entre 200 à 500 tonnes avec la laitue de mer ! Pour le Danemark, la potentialité serait de 80 000 à 100 000 tonnes. En outre, cette algue est plus riche que le blé en sucressucres, la matièrematière première pour la synthèse de l'éthanol.

    Facile à cultiver, la laitue de mer a même tendance à proliférer naturellement sur les milieux côtiers pollués par des rejets organiques (elle adore les composés soufrés et nitrés résultant de leur décomposition). Sa simple récolte pourrait donc servir à atténuer ses mauvaises odeurs, relancer l'oxygénation des zones polluées et fournir du biocarburant.

    Culture à grande échelle

    Les chercheurs voient plus loin. La croissance de la laitue de mer est considérablement accélérée par des apports en fumier et en dioxyde de carbonedioxyde de carbone. Excédentaire en production de fumier liquideliquide, l'agricultureagriculture danoise trouverait là un débouché salvateur. Quant au gazgaz carbonique, il pourrait être récupéré d'installations industrielles. C'est grâce à ces moyens de grande envergure que Rasmussen et son équipe parviennent au chiffre de 500 tonnes à l'hectare. Mais cette culture hautement technicisée reviendrait fort cher et reste à mettre au point.

    Même sans aller jusqu'à une telle industrialisation, l'idée d'utiliser les algues plutôt que les céréales présente des avantages incontestables. Elle évite notamment la compétition avec des cultures vivrières, comme c'est le cas aujourd'hui avec les céréales dont les cours flambent, en même temps que ceux des terresterres agricoles.