Laissez pousser les fleurs sauvages dans la ville, tel est le mot d’ordre de l’initiative Laissons pousser ! Lancée par l’association du même nom et soutenue par Natureparif, cette campagne incite les citoyens à semer des plantes sauvages dans les espaces publics pour reverdir la ville.

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    Une initiative pour inciter les citoyens à planter des fleurs sauvages dans les espaces publics pour s’approprier la ville, redécouvrir la nature et améliorer le cadre de vie. © Laissons pousser !

    Une initiative pour inciter les citoyens à planter des fleurs sauvages dans les espaces publics pour s’approprier la ville, redécouvrir la nature et améliorer le cadre de vie. © Laissons pousser !

    La guerilla gardening, cette pratique du jardinage clandestin pour rappeler le rôle et la présence de la nature en ville, est à l'honneur en Ile-de-France. Le projet de l'association Laissons pousser ! prend en effet racine avec le soutien de l'Agence régionale pour la nature et la biodiversitébiodiversité en Ile-de-France (Natureparif) qui encourage les citoyens à réintroduire la nature dans les villes.

    C'est ainsi que depuis le 13 avril 2010 une quinzaine de collectivités d'Ile-de-France distribuent gratuitement des sachets de graines et autorise le public à semer et à planter dans des espaces publics identifiés. Ronds-points, pieds d'arbresarbres ou encore terrains vaguesvagues deviennent la cible des citoyens-jardiniers qui peuvent les ensemencer des 17 plantes sauvages contenues dans leurs sachets.

    Mais quelles sont les motivations de cette opération, fort sympathique au demeurant ?

    Tout d'abord, c'est l'Année de la biodiversité, ne l'oublions pas. Réintégrer la flore naturelle dans la ville, c'est rappeler le rôle environnemental des villes à travers l'écologieécologie urbaine. La ville est en effet constellée de micro-mondes naturels la plupart du temps isolés, tels des îles, et parfois contaminés par des espècesespèces exotiquesexotiques ou invasives. L'introduction de plantes sauvages, fleurs et graminéesgraminées, relie ces micro-mondes, les renforce et facilite la circulation de la faunefaune et de la flore au sein même des villes. Ainsi, la ville verdit et s'intègre mieux dans les écosystèmesécosystèmes.

    Cliquer pour agrandir. Des fleurs de camomille sauvage (<em>Matricaria recutita</em>), l’une des 17 plantes (50% de fleurs, 50% de graminées) qui font partie des sachets de graines. © bpmm CC by-nc-nd 2.0

    Cliquer pour agrandir. Des fleurs de camomille sauvage (Matricaria recutita), l’une des 17 plantes (50% de fleurs, 50% de graminées) qui font partie des sachets de graines. © bpmm CC by-nc-nd 2.0

    Ensuite, c'est pour répondre à un besoin de la population. En effet, selon un sondage Unep-Ipsos de 2010, 70% des Français estiment qu'il n'y a pas assez de végétation dans les villes. Plus encore, ils jugent presque à l'unanimité (93,5%) que le contact avec la végétation est un élément important de leur quotidien.

    Planter pour embellir la ville, tisser des liens et accueillir la nature

    Planter autour de soi, dans son quartier, dans sa ville, c'est aussi un moyen de se réapproprier et d'améliorer son cadre de vie. Le spectacle des fleurs et des papillons est un plaisir qui embellit la ville et le jardinage collectif favorise les rencontres, les discussions, le lien social.

    Enfin, c'est aussi un moyen de redécouvrir et de comprendre la nature. On a tendance à oublier que les plantes sauvages, qualifiées souvent de mauvaises herbes, ont leur place dans la ville. Que ce soit une centaurée mauve ou une ortie brûlante, elles naissent, échangent avec leur environnement (les insectesinsectes, la terre, l'airair), se reproduisent et meurent, chacune avec ses caractéristiques, reflets de son évolution et de son adaptation. Leur absence n'est pas synonyme de propreté, mais de pauvreté biologique ainsi que culturelle. Combien de personnes savent encore à quoi ressemble la camomille ?

    Cette compréhension et cette acceptation sont nécessaires pour le succès des modes de gestion écologique, qui prônent la réduction des produits chimiques et la fauche tardive des espaces verts. Ces pratiques plus durables et moins nocives pour l'environnement impliquent en effet un retour des herbes folles au pied des arbres et des fleurs sur les ronds-points, au grand plaisir des abeilles sauvages, des papillons et des oiseaux. Il faut donc accepter la disparition des plans de terres nues et des gazons ras et uniformes...