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    Le scientifique et le Commissaire Maigret ont un point commun : leurs activités ne prennent leur sens que par la production de preuves matérielles étayant leurs thèses. Traditionnellement, le second fait appel aux connaissances et au savoir-faire du premier. Ce type de collaboration se renforce dès lors que les connaissances - en particulier dans les domaines des sciences du vivant, de la matière et de l'information - transforment considérablement les outils utilisés par la "police scientifique", ainsi que la répression des fraudes sous toutes leurs formes.

    Identifier un suspect. © Igorstevanovic, Shutterstock

    Identifier un suspect. © Igorstevanovic, Shutterstock

    Il faut cependant reconnaître que ces progrès ne sont pas seulement mis au service de la justice mais aussi du crime. Les technologies permettent à la fois de déjouer les délits et de les réprimer, mais aussi d'inventer des modes d'effraction et d'infraction de plus en plus originaux et sophistiqués. La montée en puissance du "crime organisé", qui exploite à la fois les innovations techniques et les opportunités offertes par l'ouverture des frontières, constitue aujourd'hui un épineux problème, de dimension internationale.

    Le troisième pilier

    Sur le plan judiciaire et policier, l'Union a considérablement renforcé la coopération entre les Etats membres - ce qu'il est convenu d'appeler le "troisième pilier" dans le jargon communautaire - en particulier depuis les résolutionsrésolutions adoptées au Sommet de Tampere (FI) en 1999. Plusieurs initiatives en ont résulté, telle la création, en 2001, de l'European Crime Prevention Network (EUCPN). Ce vaste réseau fédère et soutient un large spectre de politiques (locales, nationales et européennes) dans ce domaine, en mettant l'accent sur la criminalité juvénile et urbaine, ainsi que celle liée aux droguesdrogues.

    A cela s'ajoutent les différentes stratégies de lutte contre la délinquance financière, le blanchiment d'argent et la cyber-criminalité.

     Le travail sur les images photographiques, traitées avec les moyens de modélisation informatique, est un outil important de la police scientifique. Ci-dessus, montage d'images de mains destinées à des reconstructions en 3D, recherches menées au sein de l'INRIA (FR) dans le cadre du projet européen Improofs.<br />© Photos : Quentin Delamarre, INRIA (FR)<br />

    Le travail sur les images photographiques, traitées avec les moyens de modélisation informatique, est un outil important de la police scientifique. Ci-dessus, montage d'images de mains destinées à des reconstructions en 3D, recherches menées au sein de l'INRIA (FR) dans le cadre du projet européen Improofs.
    © Photos : Quentin Delamarre, INRIA (FR)

    Identifier et détecter

    Cet effort de coordination a son pendant dans le domaine de la recherche. "Le combat contre le crime et la fraude passe par de nécessaires et incessants progrès en métrologie pour l'identification et la détection des délits et de leurs auteurs", souligne Kimmo Himberg, du Laboratoire de recherche criminelle finlandais1. " Dans de très nombreuses disciplines, les bases scientifiques sont encore incertaines et la reproductibilité des résultats non satisfaisante. En outre, plus le crime s'internationalise, plus nous avons besoin d'échanger les informations. Et il faut davantage de méthodes de vérification rapide, sur les lieux immédiats des faits."

    Comme en témoignent les exemples qui suivent, la Commission soutient depuis plusieurs années, des coopérations scientifiques et technologiques centrées sur cette problématique. "Durant le cinquième programme-cadre, près de 35 millions d'euros ont été investis par l'Union dans des projets relatifs à la lutte contre les fraudes alimentaires, les contrefaçons industrielles, la lutte anti-dopagedopage et la police scientifique proprement dite - en particulier les techniques d'identification des criminels et la détection de la fausse monnaie", explique Luisa Prista, chef d'unité au sein de la Direction Recherche en technologies industrielles à la Commission. L'actuel programme-cadre reprend systématiquement tous ces aspects dans les nouvelles priorités de recherche, que ce soit en matière de métrologie, de biologie, ou encore d'analyse de la sécurité des aliments et de leur traçabilitétraçabilité2.

    (1) Intervention de cet expert, internationalement reconnu, lors de la conférence Towards an integrated infrastructure for measurements, Varsovie (PL), juin 2002.
    (2) Cet article ne fait pas référence aux actions européennes contre la cybercriminalité ainsi qu'à la lutte contre les trafics de substances radioactives. Ce dernier aspect sera évoqué dans un prochain dossier de RDT info consacré au secteur nucléaire.