Des courriers électroniques, des commentaires sur Facebook ou des remarques sur un forum qui deviennent illisibles au bout de huit heures, sans aucune intervention de leur auteur ni de quiconque, grâce aux réseaux de peer-to-peer. C'est ce que viennent d'inventer, avec Vanish, des informaticiens de l'université de Washington.

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    Avec Vanish, les textes s'autodétruisent... University of Washington

    Avec Vanish, les textes s'autodétruisent... University of Washington

    Sur Internet, la duréedurée de vie d'un document est potentiellement infinie. Un propos un peu emporté déposé un jour sur un forum lors d'une discussion trop vive pourra poursuivre son auteur durant des années voire des décennies. L'employeur potentiel à qui l'on a adressé un CV, par exemple, et qui aura effectué une petite recherche sur le Web, pourra facilement verser la pièce au dossier de candidature...

    Chez GoogleGoogle, Jon Perlow a un jour proposé une idée sur le blog de sa société pour éviter aux internautes d'expédier un courrier quand leur taux d'alcoolalcool dans le sang risque de les conduire à des propos regrettables. Le principe de son alcootest en ligne est un exercice de calcul mental à réussir dans un délai imparti avant d'appuyer sur le bouton Envoyer.

    Roxana Geambasu, Hank Levy et Amit Lévy, sous la direction de Tadayoshi Kohno, de l'université de Washington, ont mis au point un système d'autodestruction bien plus sophistiqué, baptisé Vanish (disparaître, en anglais). Il ne concerne que les textes envoyés à l'aide d'un navigateur (à l'exception, donc, des courriers envoyés par un logiciel de messageriemessagerie comme Windows Mail, ou par messagerie instantanée, comme GTalk). L'expéditeur et le destinataire, c'est-à-dire le site Web, doivent tous les deux utiliser Vanish, ce qui limite considérablement la portée de ce logiciel.

    Roxana Geambasu et Amit Levy, deux des co-auteurs du logiciel Vanish. ©  <em>University of Washington</em>

    Roxana Geambasu et Amit Levy, deux des co-auteurs du logiciel Vanish. ©  University of Washington

    Comme écrire sur le sable

    Il ne s'agit pour l'instant que d'une version expérimentale, tout de même diffusée en open-source, et compatible avec le navigateur Firefox. Elle est surtout destinée à valider le concept et le principe technique, à la fois efficace et astucieux. A part décider de l'autodestruction, l'expéditeur n'a rien à faire, ni le destinataire du message ou le gestionnaire du forum.

    Le message est tout d'abord crypté et la clef de chiffrementchiffrement est divisée en une multitude de morceaux, « plusieurs douzaines » d'après le communiqué de l'université. Ces fragments sont expédiés au hasard vers des serveursserveurs de réseaux peer-to-peer, qui servent aux échanges de fichiers. Ces ordinateursordinateurs, répartis sur la planète entière, se connectent et se déconnectent irrégulièrement du réseau, de sorte qu'au bout d'un certain temps, au moins l'une des parties de la clé de déchiffrementdéchiffrement deviendra inaccessible. Le message sera alors définitivement indéchiffrable.

    Dans le prototype actuel, le texte deviendra illisible huit heures après son envoi et une option permet de choisir un délai plus long, multiple de huit heures. Pour les auteurs, Vansih permet d'écrire comme on le ferait sur le sablesable d'une plage à maréemarée basse. Sans aucune intervention humaine, l'écrit finira à coup sûr par être effacé, comme les pas des amants désunis de la chanson de Prévert...