La bataille de Castillon met fin à la guerre de Cent Ans et marque la reconquête définitive de la Guyenne par le roi de France. Les Anglais quittent définitivement le continent à l'exception de la place forte de Calais. 


au sommaire


    Au tournant de la décennie 1450, Bordeaux bascule à plusieurs reprises entre les camps ennemis, la France et l'Angleterre. La ville est située au cœur de la Guyenne, terre aux origines de la guerre de Cent Ans. Après la reprise de la ville par le Français, le comte de Penthièvre en 1451, c'est John Talbot, comte de Shrewsbury, qui est envoyé par le roi d'Angleterre Henry VI de Lancastre pour répondre à l'appel des Bordelais qui veulent se défaire de la tutelle française.

    Henry de Lancastre est alors en pleine querelle dynastique avec la guerre des Deux-Roses. Ce sont donc John Talbot, héros anglais blanchissant, et 3 000 hommes qui entrent dans Bordeaux le 20 octobre 1452. Les Bordelais accueillent triomphalement les Anglais. Ils sont rejoints par les Gascons qui se rallient aux troupes anglaises. Récupérer ces terres arrachées au royaume de France par l'ennemi anglais devient alors l'objectif principal du roi Charles VII. 

    La stratégie française lors de la bataille de Castillon 

    Rassemblant une armée de plus de 8 000 hommes, le roi de France descend le long de la vallée de la Dordogne au début de l'été 1453. Son armée est bien éloignée de celle qui connut les désastres de Crécy, Poitiers et Azincourt. Le roi peut désormais compter sur une armée permanente avec des francs-archers et une solide artillerie constituée de plusieurs centaines de bombardes. Il avance auréolé d'une légitimité royale restaurée, et entouré d'hommes d'armes chevronnés. Le lieu choisi par les Français se situe entre la Dordogne et la Lidoire, petit affluent de la Dordogne.

    Plan de la bataille de Castillon en 1453. © <em>Wikimedia Commons, </em>Domaine Public
    Plan de la bataille de Castillon en 1453. © Wikimedia Commons, Domaine Public

    Les Français positionnent leurs forces tout autour du campement et installent leur artillerie sous les ordres des frères Bureau. Avec plusieurs centaines de canons, la bataille qui se prépare innove en matière d'armement militaire : les canons ne sont plus utilisés uniquement pour un siège mais dans le cadre d'une bataille. Afin de gagner en mobilité, ces canons sont montés sur des chariots. Ils sont positionnés au nord du camp français retranché. Dans le même temps, un détachement se rend dans le prieuré de Saint-Florent au nord de Castillon. L'armée française est en place : elle n'a plus qu'à attendre l'ennemi pour refermer son piège si bien pensé.

    Alertés sur l'avancée française, les Anglais se barricadent dans Bordeaux et préparent le siège qui semble s'annoncer. Mais la décision de Talbot va rebattre les cartes. Pourtant d'un naturel prudent et méfiant, le comte anglais répond aux appels à l'aide des Castillonnais et espère ainsi mettre en déroute les trois colonnes françaises avant que celles-ci ne regroupent leurs forces.

    Le 16 juillet, le comte de Shrewsbury quitte les mursmurs protecteurs bordelais pour voler à la rescousse de Castillon. Il avance et surprend le détachement français installé au prieuré de Saint-Florent au nord de Castillon. Le détachement parvient à regagner le camp retranché protégé par un long parapet sinueux. Dans le même temps, les Castillonnais indiquent aux Anglais que les Français lèvent le camp. Tout semble indiquer un retrait des troupes françaises.

    Talbot pense que c'est le moment d'attaquer : il n'attend pas les renfortsrenforts d'artillerie malgré son infériorité numériquenumérique et le terrain détrempé et boueux. Il décide de lancer l'assaut. Quelle n'est pas la surprise des Anglais de tomber sur le fossé en contrebas des retranchements du camp français ! Ils sont accueillis par le feu nourri de l'artillerie française. Ils ne s'avouent pourtant pas vaincus et se lancent dans un terrible corps à corps.

    La mort de Talbot à la bataille de Castillon, le 17 juillet 1453. Enluminure du manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de Charles VII, vers 1484. © Bibliothèque nationale de France, <em>Wikimedia Commons</em>, Domaine Public
    La mort de Talbot à la bataille de Castillon, le 17 juillet 1453. Enluminure du manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de Charles VII, vers 1484. © Bibliothèque nationale de France, Wikimedia Commons, Domaine Public

    Toutefois, l'entrée des Bretons dans l'affrontement, alliés des Français et jusque-là stationnés plus au nord, marque un tournant dans la bataille. Submergés, les Anglais connaissent une débâcle totale. L'ouverture des portesportes du camp et la sortie des Français à pied et à cheval achèvent ce qu'il reste de l'armée ennemie. Au cours de cet affrontement, Talbot subit le feu adverse, son cheval est atteint par un boulet de canon, le héros anglais est achevé au sol à coup de hache par les Français. Le comte ne porte aucun signe distinctif car il a juré serment de ne plus prendre les armes contre le roi de France, serment rompu lorsqu'il a répondu à l'appel d'Edouard IV.

    Une victoire française décisive qui marque la fin de la guerre de Cent Ans

    Armée anglaise en déroute, faiblesse des soldats tombés côté français : la victoire française est totale. Assiégée, la ville de Castillon se rend le 19 juillet : les Anglais qui y avaient trouvé refuge sont faits prisonniers, parachevant le succès français. 

    Les Français ne s'arrêtent pas à Castillon. Ils reprennent Bordeaux en octobre 1453 et reconquièrent définitivement la Guyenne, au cœur du conflit centenaire entre Français et Anglais. Ces derniers quittent pour toujours la région, ils ne possèdent plus que la place forte de Calais sur le continent. C'est le lieu choisi par Edouard IV pour débarquer sur les côtes françaises dans une ultime tentative de reconquête. Abandonné par ses alliés, il négocie avec Louis XI et les deux monarques parviennent à s'entendre. Le traité de Picquigny est signé, marquant officiellement la fin de la Guerre de Cent Ans et la reconnaissance par Edouard IV de Louis XI comme seul roi légitime du royaume de France.