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    Quel animal ?

    Quel animal ?

    Les animaux représentés ont été, avec une égale conviction, interprétés comme des isards (le chamoischamois pyrénéen) ou des bouquetinsbouquetins.

    Péquart, après y avoir vu un isard, s'était rallié à l' hypo­thèse du bouquetin, en raison de l'absence des bosses caractéristiques que forme la croissance précoce des cornes chez l'isard (Péquart, 1963, p. 296). Cette opinion fut partagée par Robert pour l'objet de Bédeilhac, parce que «la forme convexeconvexe du dosdos du neznez (...) est celle d'un Bouquetin» (1953, p. 13). Bien d'autres auteurs adoptèrent l'identification de bouquetins au Mas-­d'Azil, à Bédeilhac et à Saint-Michel-d'Arudy (Leroi-Gourhan, 1965, p. 50 ; Camps, 1984, p. 254 ; Delporte, 1990, p. 151-152 ; cf aussi Simonnet, 1990, p. 136 pour celui de Labastide).

    Bandi, en revanche, voyait «plutôt un chamois» (1988, p. 135) au Mas-d'Azil en raison de la «convexité de l'os frontalfrontal». Même opinion pour l'objet de Bédeilhac, «en raison de la mormor­phologie générale de la tête» (ibid) et pour celui d'Arudy, dont «le corps correspond morphologi­quement à celui des chamois décrits ci-dessus»(Bandi, 1988, p. 138), alors que Leroi-Gourhan était aussi formel en sens inverse: «Malgré l'ab­sence de la tête, l'animal d' Arudy est identi­fiable, par son contour général et les détails conventionnels du pelage, comme un bouquetin» (Leroi-Gourhan, 1965, légende de la fig. 33). Plus récemment, Thiault a procédé à une analyse détaillée de l'animal de Bédeilhac pour en conclu­re sans ambiguïté qu'il s'agirait d'un isard, le chamois pyrénéen (Thiault, 1996, p. 76-77).

    Nous retiendrons de ces opinions divergentes de spécialistes la difficulté, sinon même l'impos­sibilité, de déterminer précisément l'espèceespèce, même si, après l'analyse de Thiault, l'isard parais­se assez probable pour le propulseur de Bédeilhac. La seule certitude concernant l'ensemble des ani­maux représentés sur ces objets, qu'il s'agisse de bouquetins ou d'isards, est leur caractère d'ani­maux de montagnes et de rochers, pyrénéens par excellence.

    Fig.6 Mise bas d'un chevreuil. La mère, qui tourne la tête, est couchée. D'après Bandi, 1988, p. 142, fig. 7. Cliché H. Siigemer.

    Fig.6 Mise bas d'un chevreuil. La mère, qui tourne la tête, est couchée. D'après Bandi, 1988, p. 142, fig. 7. Cliché H. Siigemer.

    L'unanimité s'est faite, cependant, sur leur aspect juvénile, d'où leur appellation de «faon», due à la morphologiemorphologie de la tête et à la gracilité du corps. Bandi pense que le corps «peut très bien être interprété comme appartenant à une jeune femelle», et il ajoute «les chamois d'aujourd'hui peuvent se reproduire dès la deuxième année, bien que normalement la première mise basmise bas n'a lieu qu'à l'âge de quatre ans» (Bandi, 1988, p. 143).

    À ce propos, soulignons que le corps du bouquetin est notablement plus massif que celui de l'isard dont il se distingue dans la nature au premier coup d'œilœil. Toutefois, s'il s'agissait d'une femelle d'isard, même de deux ans, en bonne logique naturaliste les cornes devraient être matérialisées d'une façon ou d'une autre.

    Quoi qu'il en soit de l'espèce, c'est bien un très jeune animal, sans cornes, qui est représenté en train d'accoucher.