Depuis 2.000 ans, l'histoire de l'Atlantide, engloutie 9.000 ans avant notre ère, a été l'objet des spéculations les plus diverses. L'Atlantide et Gibraltar, un dossier du mythe à la réalité géologique.
Le réchauffement climatique qui met fin à la dernière glaciation s'accompagne d'une fonte accélérée des glaces polaires et d'une remontée saccadée du niveau marin (135 mètres au total en 10.000 ans).
Les étapes de cette « transgression fini-glaciaire » sont bien connues grâce aux forages effectués ces vingt dernières années dans les récifs coralliens tropicaux (Barbade, Tahiti, Nouvelle-Guinée). Ces récifs sont d'excellents marqueurs de la position du niveau marin : la repousse corallienne accompagne la remontée de la mer. Constitués de carbonates, ces organismes sont parfaitement datables au carbone 14. Les courbes publiées sont cohérentes (Figure 2) et montrent les mêmes étapes dans la remontée de la mer. D'après ces données, la submersion serait régulière en dehors d'au moins deux périodes de débâcles glaciaires accélérées où la remontée de la mer atteint quatre mètres par siècle (deux mètres dans une vie d'une cinquantaine d'années !). Des données récentes, sur l'estuaire du río Guadiana, (Algarve, côtes de la frontière hispano-portugaise) ont permis de confirmer localement ce scénario.
Analogie entre scénario scientifique et début du Timée ?
Au maximum glaciaire (19.000 avant le présent), la mer, à -130/-135 mètres, laisse totalement émergé l'archipel du Cap Spartel (Fig. 1). La remontée de la mer s'amorce ensuite pour atteindre le niveau des -100 mètres à 14.000 avant le présent, période où elle s'accélère brutalement (Melt Water Pulse 1A). La mer remonte ensuite plus lentement jusqu'à la côte -55 mètres à 11.300 avant le présent, date d'une nouvelle accélération (Melt Water Pulse 1B). Cette transgression accélérée submerge définitivement l'île du Cap Spartel (-56 mètres) et l'île Nord de la passe Ouest (Fig. 2-5), seuls témoins résiduels d'un archipel dont les autres îles (entre -80 mètres et -130 mètres) ont disparu lors de l'accélération de 14.000 avant le présent (Fig. 2).
On voit donc disparaître un paysage sous la mer, 9.300 ans avant notre ère. À la façon d'un mythe moderne, la science raconte une histoire, mais cette histoire s'appuie sur des faits vérifiables. Chacun jugera de l'analogie du scénario scientifique et du noyau de l'histoire présentée par Platon « comme véritable » au début du Timée... S'agit-il des mêmes évènements ?