La RMN a été récompensée par cinq prix Nobel en 60 ans : deux en physique -- Rabi (1944), Purcell et Bloch (1952) --, deux en chimie -- Ernst (1973), Wüthrich (2002) --, et un en médecine -- Lauterbur et Mansfield (2003). C'est maintenant une technique standard d'analyse bien établie. Peut-on espérer que la progression continuera à ce rythme ? De nouveaux domaines d'applications vont-ils être découverts avec l'augmentation de l'intensité des champs magnétiques ? Bien qu'il soit impossible de prédire avec certitude ce que le futur de la RMN nous réserve, quelques directions semblent privilégiées.
Évidemment, les principaux développements en RMN se font encore dans le domaine de la biologie, comme cela a été le cas ces 15 dernières années. L'effet TROSY, pilier de la détermination structurale de larges complexes moléculaires, doit atteindre son maximum vers 1 GHz, permettant la caractérisation de molécules toujours plus imposantes, notamment les protéines membranaires. De plus hauts champs seront aussi bénéfiques à l'étude de protéines insolubles à l'état solide.
Le domaine des nanotechnologies et la chimie des matériaux vont aussi bénéficier de cette montée en champ. L'étude de noyaux quadripolaires (présentant plus de deux transitions Zeeman) qui composent souvent ces matériaux (comme l'aluminium ou l'oxygène) sera simplifiée à plus haut champ. En effet, les interactions secondaires gênantes dues à la nature quadripolaire de ces noyaux diminuent quand le champ augmente. Ceci devrait nous aider à comprendre la dynamique et les structures locales de ces matériaux, qui sont de plus en plus présents dans notre vie quotidienne.
Le développement de la PND à haut champ (où le design de sources micro-ondes devient compliqué) promet aussi de grandes avancées, tant dans le domaine de la biologie que dans celui des matériaux.
Enfin, l'un des développements que l'on peut attendre avec les hauts champs magnétiques est l'application de la RMN au diagnostic médical. Jusqu'à présent, le manque de sensibilité de la RMN réduit son application pour la détection de microtraces, comme c'est le cas en médecine ou dans le cadre des analyses environnementales. Les récents développements de microsondes et de « labs on a chip » combinés avec de plus hauts champs magnétiques vont repousser les limites des seuils de détection. L'un des objectifs majeurs étant d'appliquer la RMN au diagnostic, où les marqueurs d'une maladie dans les fluides biologiques (urine, plasma) sont souvent à l'état de traces.
Il est clair que la RMN continuera à avoir l'impact et le développement qui la caractérisent, propulsée toujours plus en avant par l'inexorable montée en champ.