Il a fallu dix-sept jours pour nouer le contact avec les 33 mineurs piégés par un éboulement au fond de la mine de cuivre et d'or de San José, au Chili, à 800 km au nord de Santiago. Encore ne s'agissait-il que d'une feuille de papier glissée dans un conduit. Les ingénieurs de Lockheed Martin viennent pourtant de reprendre une vieille idée de Nikola Tesla pour mettre au point un dispositif radio capable de vaincre la roche. Et ça marche.

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    Les ondes radio classiques traversent très mal les épaisseurs de roches. Même si les géophysiciens utilisent des radars à pénétration de solradars à pénétration de sol (RPS, en anglais GPR pour Ground Penetrating Radar), ce genre d'instrument n'envoie ses ondes qu'à une dizaine de mètres. On peut en théorie communiquer sur des distances arbitraires dans le globe terrestre à l'aide de neutrinos mais ce principe reste bien sûr inenvisageable pour joindre des mineurs piégés par un éboulementéboulement dans une mine...

    Il existe pourtant un moyen : ne pas utiliser des ondes radio classiques, qui sont basées principalement sur l'oscillation des champs électriques, mais des ondes à basses fréquence de nature essentiellement magnétique. Bien sûr, comme nous l'apprennent les équations de Maxwell, il n'existe pas d'ondes purement électriques ni purement magnétiques. Toute variation d'un champ électrique s'accompagne en effet d'une variation d'un champ magnétique et vice-versa.

    Les basses fréquences passent

    Toutefois, il y a longtemps, explorant une voie différente de celle de Marconi pour générer des ondes radio afin de communiquer sur de longues distances, Nikola TeslaNikola Tesla avait proposé d'utiliser les variations lentes du champ magnétique générées par un électro-aimant. Ayant concrétisé un dispositif de ce genre en 1890, il dut se rendre à l'évidence. La portée des ondes ainsi générées, essentiellement magnétiques, et le bruit accompagnant inévitablement le signal produit, rendaient le concept impraticable.

    Mais ces travaux viennent de revenir dans l'airair du temps. Des ingénieurs de Lockheed Martin, dont David LeVan, cherchaient à mettre au point un dispositif de communication portable qui ne risque pas de produire des étincelles. L'engin serait alors utilisable, par exemple, à l'intérieur d'une mine où du méthane peut être présent et donc s'enflammer. Ces chercheurs se sont souvenus des travaux de Tesla. Un générateurgénérateur d'ondes « magnétique », baptisé MagneLink Magnetic Communication System, a ainsi été mis au point. Il a été testé en mars 2010 dans la mine de Mavisdale en Virginie (Etats-Unis). Le signal à basses fréquences obtenu a franchi 500 mètres de roches et les techniques moderne de traitement du signal utilisé pour les téléphones portables ont permis de contourner l'obstacle du bruit rencontré par Tesla.

    Le système peut fonctionner pendant 24 heures avec une simple batterie de 12 voltsvolts et il permet de transmettre aussi bien la voix que des textes tapés au clavierclavier. Le système MagneLink est en cours de certificationcertification et il devrait donc équiper plusieurs mines aux Etats-Unis dans un avenir proche.