L'exposition aux radiations dans l'espace n'aurait pas d'impact significatif sur les causes de mortalité des astronautes, selon des chercheurs américains. Plus d'un demi-siècle d'histoire a parlé : depuis le commencement de l'exploration spatiale, dans les années 1960, jusqu'à aujourd'hui, les astronautes restent la crème de la crème de la population en matière de santé.


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    La mortalité des astronautes par maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires ou par cancerscancers n'est pas plus élevée, malgré une exposition accrue aux radiations, d'après les chercheurs américains Robert Reynolds et Steven Day, de la société Mortality Research & Consulting, Inc. Leur étude, parue dans la revue Occupational & Environmental Medicine, met en parallèle la santé des astronautes de la Nasa et des sportifs professionnels, depuis les débuts de la conquête spatiale à nos jours.

    En effet, le métier d'astronaute, comme celui d'athlète de haut niveau, n'est pas à la portée de n'importe qui. Seule, une poignée de 12 candidats a été retenue par la Nasa pour sa promotion 2017, alors que 18.300 s'étaient présentés. Cette sélection minutieuse ne garde que les plus aptes physiquement et mentalement, ce qui signifie que les astronautes forment une minorité de personnes en meilleure santé que la population générale. D'où la nécessité pour les chercheurs de trouver un groupe d'individus d'égal niveau de bonne santé, mais qui n'ont jamais eu à travailler dans l'espace, pour servir de témoins.

    Le saviez-vous ?

    La dernière campagne de recrutement des astronautes de la Nasa, en 2016, a attiré un nombre record de candidats : 18.300 prétendants.

    Une comparaison avec des athlètes de haut niveau

    Les chercheurs ont comparé la mortalité des astronautes à celle des joueurs de la NBA et de la Ligue majeure de baseball entre janvier 1960 et mai 2018. Ces athlètes ressemblent aux astronautes « sur de nombreux aspects importants, sauf qu'ils ne sont jamais allés dans l'espace », indique Robert Reynolds, à Reuters. Ils reflètent donc l'état de santé des astronautes si ces derniers « occupaient un emploi comparable » mais en étant restés toute leur vie sur Terre.

    Ce rapprochement permet d'éviter ce qu'on appelle en statistiques, « un biais lié aux travailleurs sains » (healthy worker effect)) : les risques de décès sont moins élevés chez les astronautes par le simple fait qu'ils soient aptes à « devenir astronautes et à le rester », notent les chercheurs dans leur article.

    Alan Bean, Richard Gordon Jr. et Charles Conrad Jr., les trois astronautes de la mission Apollo 12, deuxième mission sur la Lune, en 1969. © Nasa
    Alan Bean, Richard Gordon Jr. et Charles Conrad Jr., les trois astronautes de la mission Apollo 12, deuxième mission sur la Lune, en 1969. © Nasa

    Les chercheurs ont constaté que les astronautes, comme les sportifs professionnels, affichent une mortalité inférieure à la population globale. On note cependant quelques différences quant aux causes de décès, les astronautes étant plus souvent victimes de facteurs extérieurs, tels des accidentsaccidents, et ayant moins de chance de succomber à des maladies cardiovasculaires et autres causes naturelles mais prématurées.

    Ces résultats indiquent que l'exposition aux radiations n'a, dans l'ensemble, pas entraîné de décès prématurés, liés à des maladies cardiaques ou des cancers, chez les astronautes. « Nous pensons que la santé cardiovasculaire est le facteur le plus important dans leur longévité », déclare Robert Reynolds, qui souligne que les données limitées ne permettent pas d'être catégorique. L'étude ne porteporte en effet que sur les astronautes de la Nasa de sexe masculin, soit moins de 300 personnes.

    La dose de radiations sera 50 à 100 fois plus élevée pour une mission sur Mars

    Alors que les agences spatiales gouvernementales ou privées rêvent du premier Homme sur Mars dès les années 2030, cette étude paraît de bon augure. Mais attention cependant aux conclusions trop hâtives. Elle ne signifie pas que le voyage spatial est sans danger, car jusqu'à maintenant, les astronautes des missions ApolloApollo vers la Lune et l'équipage de l'ISSISS ont été soumis à « des doses [de radiations] faibles », commente pour Reuters Francis Cucinotta, spécialiste des radiations à l'université du Nevada, qui n'est pas impliqué dans l'étude. « La dose sera 50 à 100 fois plus élevée pour une mission sur Mars. »