Au-delà de 3,5 verres d’alcool par jour entre 45 et 70 ans, les hommes commencent à manifester une accélération du déclin de leurs capacités cognitives. Des pertes de mémoire ou de raisonnement qui apparaissent normalement chez des individus plus âgés de 6 ans.

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    On connaît de nombreux effets néfastes de l'alcool sur la santé. À cette longue liste, on peut désormais ajouter l'impact délétère qu'il peut avoir sur les facultés cognitives, d'après les travaux récents de chercheurs de l'University College de Londres et de l'Inserm, publiés dans Neurology.

    En tout, 5.054 hommes et 2.099 femmes ont participé à cette recherche, initiée dès 1997 et s'étalant pour chaque sujet sur 10 ans. À trois reprises, les scientifiques ont demandé aux volontaires quelle était leur consommation quotidienne d'alcool. Lors de la première occasion puis 5 et 10 ans plus tard, chacun devait participer à des tests cognitifs, de mémoire, de raisonnement ou de fluence verbale.

    L’alcool accélère le déclin intellectuel

    Les effets néfastes de l'alcool sur le cerveaucerveau se manifestent chez les hommes buvant plus 3,6 verresverres d'alcool par jour (3,6 g/jour). En effet, dans cette population, le déclin cognitif est plus important que pour tous les autres groupes, que ce soit les buveurs modérés (moins de 2 verres par jour), les anciens gros buveurs ou les abstinents. Selon les tests, cette perte de capacités intellectuelles est équivalente à un vieillissement de 1,5 à 6 ans par rapport à l'âge du sujet. Autrement dit, un gros consommateur d'alcool de 60 ans réalise les mêmes performances à certaines tâches qu'un homme moyen de 66 ans.

    Les résultats sur les femmes sont moins probants, du fait de leur plus faible effectif. Il semble qu'au-delà de 2 verres par jour, l'alcool devienne également néfaste pour les facultés cognitives. Mais l'abstinence lors des 10 dernières années pourrait également accélérer, plus modérément, le déclin intellectuel. Cela demande malgré tout confirmation.

    Comment expliquer ces résultats ? Ce n'était pas la visée première de l'étude mais les chercheurs se risquent à quelques hypothèses. On connaît l'impact négatif de l'alcool sur le système cardiovasculaire, dont on sait sa mauvaise santé liée à une perte cognitive. D'autre part, la boisson pourrait également abîmer le cerveau par l'intermédiaire d'effets neurotoxiques et pro-inflammatoires, engendrant des troubles sur le long terme.