Alors qu’on invite les femmes enceintes à ne pas toucher à une goutte d’alcool durant leur grossesse, une recherche suggère qu’une consommation durant le premier trimestre n’affecte pas le déroulement de la gestation ni de l’accouchement. Peut-on se permettre quelques écarts ? Tout le monde n’est pas d’accord… 

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    Une étude internationale de grande ampleur revient sur le sujet délicat de la consommation d'alcoolalcool chez la femme enceinte. Elle ne devrait pas plaire aux médecins qui pratiquent la tolérance zéro lorsque la femme attend un heureux événement avançant des risques de naissance prématurée, de bébés trop petits à la naissance ou d'hypertensionhypertension pour la mère.

    En effet, Fergus McCarthy, de l'Irish Centre for Fetal and Neonatal Translational Research (Infant) et une équipe de chercheurs internationaux ont comparé les données de naissance d'enfants de 5.628 femmes, enceintes pour la première fois, entre 2004 et 2011. Plus de la moitié des femmes ont rapporté avoir bu de l'alcool au cours de leur premier trimestre de grossesse. Même si 19 % ont expliqué ne boire qu'occasionnellement (un à deux verresverres par semaine), 25 % ont reconnu consommer entre trois et sept verres par semaine, et 15 % ont rapporté boire plus de sept verres par semaine.

    Cependant les chercheurs n'ont pas noté de différences entre les groupes de femmes enceintes pour le nombre de naissances prématurées et de bébés de petite taille, ou encore pour la survenue d'une pré-éclampsie, une pathologie grave qui entraîne de l'hypertension chez la femme enceinte. Les résultats de cette étude sont parus dans la version en ligne de la revue Obstetrics & Gynecology, avant une publication papier prévue pour octobre.

    Comportement irresponsable ou petit plaisir sans conséquence ? Tout le monde n'est pas unanime sur cette question. © Monkey Business Images, shutterstock.com

    Comportement irresponsable ou petit plaisir sans conséquence ? Tout le monde n'est pas unanime sur cette question. © Monkey Business Images, shutterstock.com

    Un peu d’alcool durant la grossesse, sans conséquence pour l’enfant ?

    Toutefois, et comme s'en fait l'écho HealthDay, cette étude a déjà entraîné de vives critiques d'associations américaines, qui soulignent qu'elle ne prend pas en compte les méfaits de l'alcool sur la santé des enfants sur le long terme. Même si le lien entre une forte consommation d'alcool et les problèmes de développement et de santé chez l'enfant est avéré, les chercheurs de cette dernière étude expliquent qu'il n'en va pas de même pour une consommation modérée.

    Une étude danoise parue en 2012 a par exemple montré qu'une faible consommation d'alcool pendant la grossesse n'affectait pas les capacités mentales de l'enfant à ses cinq ans. D'autres recherches parues en avril dernier sont arrivées à la même conclusion. Après avoir analysé le comportement de 10.534 enfants âgés de sept ans nés de mères ayant bu modérément pendant leur grossesse, des chercheurs de l'University College de Londres n'ont pas trouvé de différences comportementales ni cognitives par rapport aux mères entièrement abstinentes.

    Comme il n'est pas complètement avéré qu'une consommation même modérée n'ait pas de conséquences sur la santé de l'enfant, de nombreux experts recommandent de tout simplement s'abstenir de boire pendant sa grossesse. Mais comme le note le Harvard Health BlogBlog, certaines grandes agences de santé, comme le Ministère de la santé britannique, n'interdisent pas la consommation d'une ou deux boissons alcoolisées par semaine pendant la grossesse. Il y a donc plusieurs écoles.