Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les témoignages se multiplient. Ils viennent d’un peu partout dans le monde. Des gens observent ce qu’ils appellent des Ovnis. Des objets volants non identifiés. Les scientifiques apportent, la plupart du temps, une explication tout à fait rationnelle. Mais il arrive que le mystère demeure. Concernant par exemple, le cas de la disparition de Frederick Valentich, au large de l’Australie.


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    Remontons quelques décennies en arrière. Alors que les années 1940 touchaient à leur fin. C'est à ce moment-là que le premier témoignage tombe. Un pilote américain, âgé d'une trentaine d'années, raconte avoir observé au-dessus de l'État de Washington, neuf « soucoupes volantes » filant à vive allure.

    Depuis, des centaines de milliers d'individus ont décrit des expériences similaires ou plus déroutantes encore. Ils sont pris au sérieux. Un peu partout dans le monde. En France, le Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan) est chargé d'analyser ces témoignages. Un service du Centre national d'études spatiales (Cnes) qui étudie les cas signalés de ce que nous avions coutume d'appeler les Ovnis -- pour objets volants non identifiés --, mais qui ont depuis été rebaptisés « pans », pour phénomènes aérospatiaux non identifiés.

    Il y a bien sûr quelques canularscanulars. Mais, dans la base de donnéesbase de données du Geipan, une base de plusieurs milliers d'observations, il y a surtout des méprises. Des ballons météométéo, des avions furtifs ou même des lanternes thaïes que les observateurs ont mal identifiés. Cependant, il y a aussi une part -- environ 4 % -- de cas qui restent sans explication. Étranges, diront certains. Mais sans explication ne veut pas nécessairement dire que ces cas sont inexplicables. Et encore moins d'origine extraterrestre.

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    Force est de reconnaître que certains sont intrigants. Parce que le nombre ou le sérieux des témoins leur donne de la crédibilité. Ou parce que les enquêtes très sérieuses menées par des experts n'aboutissent à aucune explication rationnelle. C'est le cas, par exemple, de l'histoire qui est arrivée à Frederick Valentich.

    Un Ovni au large de l’Australie

    Nous sommes le 21 octobre 1978. Il est un peu plus de 19 heures et le soleil vient de se coucher sur les côtes de l’Australie. Cela fait environ 40 minutes que Frederick Valentich, un jeune pilote, a quitté l'aéroport de Moorabbin, dans la banlieue de Melbourne à bord de son Cessna 182 L. Il vole au-dessus du détroit de Bass. En direction de King Island. Lorsqu'il aperçoit, à moins de 1 500 mètres d'altitude, un avion, plutôt gros avec ses « quatre phares d'atterrissage », il s'adresse le plus naturellement du monde au contrôle aérien. « Aucun avion connu dans les environs », lui répond-on.

    Il est vert. Un peu métallique et brillant. Il vient de disparaître

    C'est alors que la conversation entre le pilote et le contrôleur dérive. « On dirait qu'il joue avec moi. Il me survole. S'en va et revient, explique Frederick Valentich. Ce n'est pas un avion. C'est... » « Pouvez-vous le décrire ? », demande le contrôleur. « Il a une forme longue. Difficile d'en dire plus. Il a une vitesse que je ne peux pas estimer », poursuit le pilote. Chacune de ses phrases est désormais coupée de silence de deux à trois secondes. « Il est devant moi. On dirait qu'il est stationnaire. Je fais des tours et il me suit. Par le dessus. Il est vert. Un peu métallique, brillant. » Le silence se fait. « Il vient de disparaître. »

    Mais, lorsque le contrôleur, abasourdi, demande confirmation, Frederick Valentich bredouille. « Il approche par le sud-ouest. Mon moteur tourne au ralenti tout à coup... Il est à nouveau sur moi. En vol stationnairevol stationnaire. Ce n'est pas un avion... » Pendant de longues secondes, le contrôle de Melbourne enregistre ensuite un bruit saccadé non identifié. Comme un froissement de métal contre du métal. Puis, plus rien. Les derniers mots de l'enregistrement auraient été supprimés. Ceux du pilote se disant englouti par une lueur verte et décrivant une impression de brûler.

    Aucune trace de l’avion

    Les recherches dureront jusqu'au 25 octobre. Mais aucune trace du Cessna ne sera retrouvée. Aucun signal de la balise de survie de l'avion n'a jamais été détecté. Même la nappe de pétrole découverte au nord de King Island ne pourra pas être reliée à l'avion de Frederick Valentich. En 1982, le Bureau of AirAir Safety Investigation conclura que « la raison de la disparition de l'avion n'a pas été déterminée », mais que l'issue est « présumée fatale ».

    Dès lors, toutes les hypothèses ont été évoquées. Celle de la mise en scène, par exemple. Le Cessna avait suffisamment de carburant pour parcourir des centaines de kilomètres. Et la police de Melbourne aurait enregistré le rapport d'un petit avion qui aurait atterri, ce jour-là, non loin du cap Otway. Mais la famille ne croit pas que Frederick Valentich aurait pu vouloir disparaître volontairement.

    Alors, pourquoi pas l'hypothèse d'une rencontre extraterrestre ? D'autant que des témoins auraient eux aussi aperçu un Ovni, ce soir-là. Mais ils ne se sont signalés qu'après les révélations sur la disparition de Frederick Valentich, ce qui laisse planer le doute sur la fiabilité de leur témoignage. Pourtant, en 2000, une famille est sortie du silence dans lequel elle était restée, « par peur du ridicule ». Le père raconte avoir vu le Cessna, mais dans une région éloignée du secteur de recherche initial. Le Cessna et... un feufeu vert planant au-dessus de lui.

    Il faut savoir que la région du détroit de Bass est connue à la fois pour les nombreuses observations d'Ovnis qui y ont été signalées et les toutes aussi nombreuses disparitions de bateaux et d'avions. Frederick Valentich était d'ailleurs passionné par le sujet.

    C’est à bord d’un avion de tourisme de type Cessna que le jeune Frederick Valentich a vu un Ovni, le 21 octobre 1978, avant de disparaître. © orion33 Adobe Stock
    C’est à bord d’un avion de tourisme de type Cessna que le jeune Frederick Valentich a vu un Ovni, le 21 octobre 1978, avant de disparaître. © orion33 Adobe Stock

    Un pilote passionné par la question des Ovnis

    C'est la raison pour laquelle l'attention de certains enquêteurs s'est focalisée sur le jeune pilote. Car, au-delà de son attrait pour la question extraterrestre, il était pour le moins inexpérimenté. Il venait d'ailleurs une fois de plus d'être recalé à l'examen de brevet de pilotage. Et il avait déjà été impliqué dans plusieurs incidents. Des vols à l'aveugle dans des nuagesnuages, notamment. Ce 21 octobre 1978, il n'avait pas informé l'aéroport de King Island de son intention d'y atterrir. Alors, certains se demandent si ce « true believer » -- comprenez, ce « croyant sincère » en l'origine extraterrestre des Ovnis -- n'avait pas tout simplement pris les airs à la recherche d'un Ovni.

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    Finalement, les quatre points de lumièrelumière aperçus ce soir-là par Frederick Valentich pourraient tout simplement correspondre à trois planètes et une étoileétoile en conjonctionconjonction : VénusVénus, Mars, MercureMercure et AntarèsAntarès, et l'aspect « métallique » décrit par le pilote, venir simplement d'un pouvoir de suggestion sur quelqu'un de déjà plutôt convaincu qu'il va observer un Ovni.

    Quant au fameux « feu vert » évoqué par la suite, il pourrait, dans ce contexte, aussi bien s'agir du propre feu de navigation du Cessna. Le père, témoin tardif de l'observation, décrit d'ailleurs « une couleurcouleur semblable à celle d'un feu de navigation d'un avion ». Les analystes rapportent que le pilote a ensuite pu être trompé par l'illusion d'un horizon qui se produit lorsque le soleil couché illumine encore une partie du ciel. En croyant compenser sa position, Frederick Valentich, en réalité complètement désorienté, aurait pu se mettre à spiraler vers le bas.

    Alors, l'Ovni du 21 octobre 1978 et la disparition de Frederick Valentich étaient-ils le fait d'extraterrestres ou simplement de l'inexpérience et de la conviction profonde d'un pilote inexpérimenté. Difficile à dire sans plus de preuves concrètes...