Pour des explorateurs de la planète Mars, les radiations venues de l'espace auraient des conséquences sur la santé. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se basent sur les données fournies par Rad, le détecteur de radiations du rover Curiosity.

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    La route vers Mars s'éclaircit. La Nasa vient de rendre publiques les données relevées par l'instrument Rad (Radiation Assessment Detector) de Curiosity. Le rôle de cet outil consiste à mesurer les radiations subies à l'intérieur de la sonde Mars Science LaboratoryMars Science Laboratory (MSL), accompagnant le rover vers Mars depuis son lancement en 2011 et son atterrissage le 6 août 2012.

    Voyager dans l'espace n'est pas sans risque pour l'Homme. Les astronautes sont exposés à deux types de radiations : les rayons cosmiques galactiques et les particules énergétiques solaires, associées aux éruptions solaires et aux éjections de masse coronale. Pour mesurer la résistancerésistance des astronautesastronautes à ces rayonnements, encore faut-il connaître avec exactitude le taux d'exposition aux radiations. C'est chose faite aujourd'hui. Ces informations sont aussi disponibles dans une publication de Science.

    D'après les mesures de Rad, en l'état de la technologie actuelle, les astronautes subiraient la plus grande partie des radiations durant le vol aller-retour vers Mars. © G. Neukum, DLR, FU Berlin, Esa

    D'après les mesures de Rad, en l'état de la technologie actuelle, les astronautes subiraient la plus grande partie des radiations durant le vol aller-retour vers Mars. © G. Neukum, DLR, FU Berlin, Esa

    Les données montrent une dose moyenne de radiations de 1,8 millisievert par jour. Rapporté à la duréedurée estimée du voyage (aller et retour), le total serait 0,66 sievert, ce qui resterait en dessous de la dose maximum tolérée par les agences spatiales, fixée à 1 sievert. Dans ces radiations, les particules solaires ne représentent que 3 %, ce qui s'explique, estime la Nasa, par la faible activité solaire et par la protection offerte par la capsule dans laquelle Curiosity a voyagé.

    Pour l'accumulation de doses de radiations, « c'est comme faire passer à un corps entier un scanner une fois tous les cinq à six jours », a déclaré le docteur Cary Zeitlin, principal auteur de l'étude et chercheur au laboratoire de recherche appliquée et de développement au SwRI (Southwest Research Institute). Ce seuil représenterait une partie non négligeable de doses de radiations reçues tout au long d'une vie, et serait lié à une augmentation de 5 % du risque de mourir d'un cancer. Donc, une dose de 0,66 sievert équivaudrait à un risque d'environ 3 %, estime la Nasa, ce qui est considéré comme acceptable pour une carrière d'astronaute. 

    Ces résultats ne tiennent pas compte du temps passé sur la planète. Or, là aussi les données fournies par l'instrument Rad sont encourageantes. Depuis qu'il a atterri, les mesures de Curiosity montrent que les doses de rayonnements cosmiques sur Mars sont tolérables pour un humain. Malgré sa faible densité, l'atmosphère martienne fait donc écran aux radiations.

    Des doses de radiations acceptables pour les astronautes

    À la différence des précédents instruments de mesure de radiations, celui de Curiosity se trouvait à l'intérieur de la sonde Mars Science Laboratory pendant son voyage entre la Terre et Mars. Il disposait d'un bouclier et d'une protection comparables à ce qui pourrait être utilisé pour de futurs vols habités vers la Planète rouge. Les doses rapportées par l'instrument Rad à bord de la sonde sont donc très réalistes. Cela va aider à mieux définir la conception et l'élaboration de mesures d'atténuation, pour limiter l'exposition des véhicules spatiaux aux radiations.

    Compte tenu de ces résultats, et le fait que la sonde MSL était entourée d'une protection modeste, les radiations ne sont plus un obstacle insurmontable à un voyage vers Mars. En l'état actuel de la technologie, le risque est considéré comme acceptable pour toute une carrière d'astronaute par la Nasa. Autrement dit, un effort d'ingénierie devrait tendre à faire passer ce risque de tolérable à aléatoire.