Découvert à Velletri, près de Rome en Italie, ce petit objet en pierre daterait du paléolithique supérieur. Une étude réalisée par un chercheur de l’université Sapienza montre qu’il porte des entailles au nombre de 27 ou 28, suggérant un lien avec le cycle lunaire.


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    Si vous ouvrez votre agenda sur la page de cette semaine, peut-être constaterez-vous que jeudi prochain commence un nouveau cycle de la Lune, en même temps qu'un nouveau mois de l'année. Mais comment faisaient les hommes préhistoriques pour se repérer dans leur calendrier et quelles connaissances avaient-ils des cycles lunaires ? Cette curieuse pierre trouvée en 2007 dans les collines Alban, au sud de Rome, apporte peut-être un élément de réponse.

    L'objet allongé a intrigué les archéologues à cause de petites incisions linéaires qu'il porteporte sur trois de ses faces. Ces entailles orientées perpendiculairement par rapport aux bords du caillou formaient donc trois ensembles, l'un comprenant sept traits, l'autre neuf/dix et le dernier onze. Ces marques, espacées régulièrement sur chaque côté, utilisaient toute la longueur du caillou.

    Le nombre total de ces marques, 27 ou 28, rappelle celui des jours d'un cycle lunaire, ce qui suggère un lien avec le cycle de la Lune. Pour en savoir un peu plus sur l'histoire de cet objet, différentes analyses microscopiques, à la fois au microscope optiquemicroscope optique et électronique, ont été effectuées. D'après l'université Sapienza, les entailles auraient probablement été réalisées à la fin du pleistocène, il y a plus de 10.000 ans.

    Le saviez-vous ?

    Le pleistocène, qui couvre la majeure partie de l’ère quaternaire, correspond aux quatre périodes glaciaires. Il est suivi par l’holocène, plus récent. Le paléolithique est la période de la préhistoire la plus ancienne, qui se caractérise par l’utilisation de la pierre taillée par l’Homme. Elle se termine vers -10.000 ans, avec le retrait de la glaciation et le début du mésolithique. Si le pleistocène et le paléolithique recouvrent des périodes proches, l’un fait référence à l’histoire géologique et l’autre à l’histoire humaine.

    L'analyse pétrochimique de la pierre montre qu'il s'agit d'un calcairecalcaire marneux provenant d'un affleurementaffleurement situé à une dizaine de kilomètres du lieu de sa découverte.

    Un outil de pierre transformé en calendrier lunaire ?

    Les études réalisées sur le petit objet ont permis de retracer la chronologie de son histoire. Il aurait d'abord été utilisé pour modifier d'autres outils en pierre, « puis comme pilon pour broyer des pigments colorés tels que l'ocreocre rouge », explique le communiqué de l'université.

    Cet objet longiligne pouvait servir de calendrier lunaire. © Altamura, <em>Journal of Archaeological Science 2019, Sapienza Universita di Roma</em>
    Cet objet longiligne pouvait servir de calendrier lunaire. © Altamura, Journal of Archaeological Science 2019, Sapienza Universita di Roma

    Pour Flavio Altamura, chercheur au département des antiquités à l'université Sapienza, « L'étude révèle que les entailles ont été réalisées au fil du temps en utilisant plusieurs types d'outil de taille, comme si elles avaient été utilisées pour le comptage et le calcul, ou pour stocker certaines informations sur une période de temps. » Dans l'article paru dans la revue Journal of Archaeological Science, l'archéologue explique que l'objet « affiche toutes les fonctionnalités théorisées dans la littérature pour la validation des calendriers lunaires. »

    Cette pierre, bien que mystérieuse, témoigne des capacités cognitives et mathématiques d'Homo sapiensHomo sapiens à cette époque et peut-être de ses connaissances sur les phases de la Lune. L'intérêt d'Homo sapiens pour l'astronomie a déjà été évoqué pour expliquer des figurations dessinées dans des grottes comme celle de Lascaux, et qui pourraient reproduire des constellations.