Avec sa protéine S aux 32 mutations, Omicron met à mal l'efficacité des vaccins et aussi celle des anticorps thérapeutiques développés pour lutter contre les formes graves de la Covid-19. C'est la conclusion d'une étude encore en prépublication, parue récemment.
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Omicron semble échapper aux anticorps vaccinaux, à ceux présents dans le sérum de patients convalescents infectés par un autre variant et aussi aux anticorps monoclonaux utilisés comme médicaments. C'est ce que montre une expérience in vitroin vitro, menée entre la Suisse et l'Australie, qui n'a pas encore été publiée dans un journal scientifique à comité de lecture. Elle est disponible sur le serveur de pré-publications MedRxiv.
Omicron n'est pas neutralisé par la plupart des anticorps thérapeutiques
Dans leur expérience, les scientifiques ont testé des anticorps monoclonaux équivalents à ceux conçus par plusieurs pharmaceutiques dont le casirivimab et l'imdevimab de Regeneron (le mélange des deux est connu sous le nom commercial de Ronapreve), le cilgavimab et le tixagévimab d'AstraZenecaAstraZeneca, le sotrovimab de Vir Biotechnology et le bamlanivimab d'AbCellera Biologics/Eli Lilly.
Les tests de neutralisation ont été faits sur des cultures de cellules Vero6 et une souche du variant Omicron. Des doses croissantes d'anticorps monoclonaux ont été testées jusqu'à observer ou non une neutralisation. Parmi les six anticorps monoclonaux, quatre sont incapables de neutraliser le variant Omicronvariant Omicron, dont les deux créés par Regeneron, à la dose la plus forte testée. Le sotrovimab et le tixagévimab conservent une action neutralisante contre Omicron, mais à des doses beaucoup plus importantes. Il faut 1.059 ng/mL de sotrovimab et 3.490 ng/mL de tixagévimab pour se débarrasser d'Omicron, contre seulement 372 ng/mL et 47 ng/mL pour neutraliser un variant plus ancien, proche du Gamma. Il faut donc environ 2,8 fois plus de sotrovimab et 73,8 fois plus de tixagévimab contre Omicron.
Une étude de l'Institut Pasteur, publiée le 16 décembre 2021, a présenté des résultats similaires. Ils ont observé que six anticorps thérapeutiques perdent leur pouvoir antiviral contre Omicron, dont le Ronapreve. Les autres sont entre 3 à 80 fois moins efficaces contre Omicron, en comparaison avec le variant Delta. Ces résultats, encore préliminaires, pourraient remettre en cause l'utilisation des anticorps monoclonaux, et du Ronapreve, autorisé en prophylaxie chez les patients à risques par l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), pour une infection due à Omicron.