Accoucher à la maison ou loin des hôpitaux est une volonté pour beaucoup de femmes. La volonté de vivre un accouchement moins médicalisé et plus « naturel » est souvent mise en avant par les futurs parents. Est-ce sans risque pour la mère et l'enfant ? Oui, pour les grossesses éligibles et avec le soutien des sages-femmes.
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En France, l'écrasante majorité des enfants naissent à la maternité, mais de plus en plus de femmes expriment le souhait d'accoucher dans un environnement moins médicalisé où une approche dite « physiologique » est favorisée. Certaines choisissent d'accoucher à la maison, d'autres se rendent dans des maisons de naissance. Ces établissements récents, instaurés fin 2015, sont tenus par des sages-femmessages-femmes et souvent situés à côté d'un hôpital pour assurer la prise en charge de la mère et l'enfant en cas de complication.
Que ce soit à la maison ou en maison de naissance, les accouchements hors des hôpitaux ne pourraient pas être possibles sans le suivi et les compétences des sages-femmes. En France, elles sont peu nombreuses à pratiquer l'accouchement à domicile, ou AAD, alors que cela est courant aux Pays-Bas ou en Allemagne. Dans l'imaginaire collectif, accoucher à la maison est dangereux pour la mère et le bébé, pourtant une étude parue dans Obstetrics & Gynecology conclut qu'il n'y a pas plus de risque de donner naissance à la maison que dans une maison de naissance, lorsqu'une sage-femme expérimentée assure le suivi.
Accoucher en dehors du système hospitalier classique
Les accouchements loin d'un environnement médical contrôlé ne sont possibles que pour les grossesses à bas risque. Ainsi les grossesses multiples, une césarienne précédente, un accouchement prématuré ou au-delà du terme, une mère atteinte de diabète ou d'hypertensionhypertension, la présence d'une anomalieanomalie dans le liquide amniotique ou dans le placentaplacenta ou une mauvaise présentation du bébé... sont autant de cas qui nécessitent un suivi médical strict pour la santé du bébé et de la maman et pour lesquels un accouchement planifié à la maison est contre-indiqué.
Ce sont 10.609 naissances à la maison ou en maisons de naissance que les médecins de plusieurs universités de l'État de Washington ont suivies entre 2015 et 2020. « Le cadre de la naissance n'avait aucune association avec un risque accru pour la mère ou le bébé » a déclaré Elizabeth Nethery, première autrice de l'étude. Avec ses collègues, elle a calculé le risque relatif de complication entre un accouchement à domicile et dans une maison de naissance. Le taux de mortalité périnatale est le même entre les deux : 0,57 cas pour 1.000 naissances.
Néanmoins, les médecins ont observé que 30 % des femmes primipares, c'est-à-dire lorsqu'il s'agit de leur premier enfant, ont besoin d'un transfert à l'hôpital pour mener à bien leur accouchement. C'est beaucoup plus que pour les femmes ayant déjà accouché au moins une fois, seulement 4,2 %. Ces transferts ne représentent pas forcément une urgence vitale pour la mère ou l'enfant, ils sont le plus souvent dus à un travail trop long. En France, un rapport sur la qualité de la prise en charge dans les maisons de naissance paru en 2019 indique des chiffres similaires : 22 % des femmes prises en charge dans ses structures ont dû être transférées à l'hôpital pendant l'accouchement. Les femmes primipares représentent 34 % des transferts et les femmes multipares, 7 %.
Des accouchements sûrs et encore marginaux
En conclusion, les auteurs écrivent qu'« il est important de noter que les taux d'effets indésirables maternels et néonataux étaient similaires pour les naissances planifiées à domicile et en centre de naissance ». Le cas de l'État de Washington n'est pas généralisable à tous les États-Unis, l'État ayant beaucoup investi pour intégrer les sages-femmes dans le système de santé. Près de 3,5 % des enfants de l'État naissent à domicile ou dans une maison de santé sous la surveillance d'une sage-femme. C'est un des taux les plus élevés des États-Unis. En France, les accouchements en maisons de naissance ne représentent 0,07 % des naissances pour lesquelles les complications furent rares.
Si ces résultats montrent que les accouchements en dehors des hôpitaux semblent sûrs pour les grossesses à bas risque, il manque tout de même une donnée importante : la comparaison avec un groupe de femmes à bas risque ayant accouché à la maternité. En France comme aux États-Unis, cette cohortecohorte n'existe pas et la comparaison n'a pas pu être faite.