En Australie, une nouvelle souche virale mortelle pour les poulets est apparue en 2008. Son origine a été identifiée : deux virus atténués issus de vaccins se sont recombiné pour ne former qu'un et sont devenus plus dangereux que la forme naturelle. Un phénomène très rare qui ne doit pas remettre en cause la vaccination.
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Les vaccins préservent des maladies et ne les causent pas. Mais toute règle a son exception. C'est donc consécutivement à une vaccination qu'une épidémie mortelle de trachéites sévit dans les fermes de poulets australiens, depuis 2008. C'est ce que révèle le magazine Science dans son édition du 13 juillet.
Depuis des années, sur l'île continent, les éleveurs protégeaient leurs volailles des infections du larynx grâce à l'un des deux vaccins disponibles, conçus à partir d'une souche virale australienne atténuée, c'est-à-dire inoffensive mais stimulant malgré tout les défenses immunitaires. La maladie respiratoire aiguë tue en moyenne approximativement 20 % des poules qui la déclarent, tandis que les survivantes produisent moins d'œufs. Un problème économique, donc.
En 2006, un troisième vaccin, constitué à partir d'un virus atténué d'origine européenne, devenait disponible, et certains fermiers l'injectaient à leurs oiseaux. Deux années plus tard, une nouvelle variante virale émergeait et causait des épidémies dans les élevages du pays.
La recombinaison mortelle de deux souches virales atténuées
Les chercheurs de l'University of Melbourne ont tout de suite envisagé un lien de cause à effet. Dans un premier temps, ils suspectaient une mutation apparue dans la souche européenne, lui conférant spontanément un pouvoir infectieux, un peu comme en 2000, lorsque des cas de poliomyélites étaient constatés alors qu'on pensait la maladie éradiquée depuis 6 ans.
Pour en avoir le cœur net, les scientifiques décident de décrypter le génome de ce nouveau variant. Une idée pertinente qui leur révèle la vérité : une des souches australiennes s'est recombinée avec la forme européenne pour donner un virus aussi agressif que la version naturelle, mais plus contagieux.
En théorie, on savait ce phénomène possible, mais on l'imaginait très rare. Cette étude laisse entrevoir la possibilité qu'une telle recombinaison ait déjà pu se produire par le passé pour d'autres vaccins, mais du fait d'un manque de moyens pour assurer le séquençage du génome à cette époque, elle n'aurait jamais été révélée. C'est donc la première fois qu'on observe ce phénomène à partir de vaccins.
Cependant, pour que ces virus fusionnent partiellement leurs patrimoines génétiques, ils doivent se trouver au même moment dans un même individu. Or les éleveurs n'utilisent qu'un seul des vaccins qu'on leur propose et non les trois. Comment cette situation a pu se produire ? La réponse n'est pas claire, mais les auteurs pensent que la souche australienne a pu se répandre dans une population non vaccinée, avant que celle-ci ne reçoive l'injection de l'herpèsvirus européen.
La vaccination, une méthode qui marche
Mais il n'y a aucune raison de paniquer pour notre santé. Ce pathogène se limite uniquement aux poulets et oiseaux apparentés. La maladie ne frappera pas l'espèce humaine.
Ce travail appelle à davantage de vigilance sur les contrôles de vaccination avec des virus vivants atténués, car dans quelques cas particuliers, elle peut entraîner plus de dommages que d'intérêts. Malgré tout, elle ne doit pas nous alarmer pour autant et remettre en doute la méthode en elle-même, qui dans l'histoire de la médecine s'est avérée nettement plus utile que périlleuse, en éradiquant certaines maladies autrefois fréquentes et mortelles.
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