Non seulement c’est dégoûtant, mais en plus c’est dangereux. Uriner dans la piscine aboutit à la formation d’au moins deux composés toxiques pour la santé. Voilà pourquoi il faut suivre les consignes placardées partout.


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    Qui n'a au moins jamais été tenté de vider sa vessie dans la piscine pour s'éviter d'aller jusqu'aux toilettes ? Cette pratique, finalement banale, n'est pas aussi anodine qu'on le pense. Car au moins l'un des composants de l’urine engendre la formation de deux moléculesmolécules toxiques, la trichloramine et le chlorure de cyanogène, d'après une étude parue dans Environmental Science & Technology.

    Le contexte : faire pipi dans la piscine, discipline olympique

    L'ex-nageur états-unien Michael Phelps, avec ses 22 médailles aux Jeux olympiques dont 18 en or et ses 27 titres des champion du monde est, à n'en pas douter, l'un des plus grands champions de l'histoire du sport. Mais tout juste après l'annonce de sa retraite sportive, il a fait une révélation détonante à la radio en affirmant que lui, et probablement tous ses petits camarades, faisaient pipi dans la piscine. Une mauvaise habitude généralisée. Le jeune retraité se défend en précisant que le chlorechlore ajouté à l'eau sert justement à éviter la prolifération des microbes et donc que ce geste est anodin. Vraiment ?

    Certes, des désinfectants sont le plus souvent versés pour éviter que les personnes ne se transmettent des maladies. Certains pourraient même être cancérigènes, d'après une étude menée en 2010 sur des cellules humaines en culture. Mais le chlore contenu dans la plupart d'entre eux réagirait avec certains composés de nos liquidesliquides corporels. La preuve vient d'être apportée par une collaboration entre Jing Li, de l'université agricole de Chine, et d'Ernest Blatchley III, de l'université Purdue.

     Michael Phelps, jeune retraité des bassins, a reconnu que la plupart des nageurs se soulageaient dans la piscine durant les longues heures d’entraînement. © Pictlux, Flickr, cc by sa 2.0
    Michael Phelps, jeune retraité des bassins, a reconnu que la plupart des nageurs se soulageaient dans la piscine durant les longues heures d’entraînement. © Pictlux, Flickr, cc by sa 2.0

    L’étude : chlore et acide urique ne font pas bon ménage

    L'équipe de scientifique a mélangé du chlore avec de l'acide urique, retrouvé dans la sueur et dans l'urine de chacun d'entre nous. Une heure plus tard s'étaient formés deux composés connus pour leur toxicité : la trichloramine (NCl3) et le chlorure de cyanogène (CNCl).

    Ce premier est associé à des troubles pulmonaires aigus après des expositions à des désinfectants chlorés. Quant au second, il est connu pour affecter différents organes après inhalation, comme les poumons, le cœur ou le système nerveux centralsystème nerveux central. Rien de bien réjouissant.

    D'après les estimations des chercheurs, plus de 90 % de l'acide urique retrouvé dans les piscines sort de la vessievessie, et non des glandes sudoriparesglandes sudoripares. La conclusion est simple : les auteurs appellent chacun à se retenir ou à aller dans le lieu adapté pour ce genre de besoin : les toilettes.

    L’œil extérieur : faire attention dans quel coin on nage

    L'acide urique ne peut expliquer à lui seul les concentrations de trichloramine ou de chlorure de cyanogène. D'autres composés contribuent également à la formation de ces deux molécules. Si bien que le meilleur moyen pour éviter d'inhaler ces composés consiste à s'éloigner au maximum des zones les plus à risques, souvent celles situées à proximité des enfants. Cependant, il ne faut pas penser que les adultes sont irréprochables : un sondage publié en 2012 révèle qu'un états-unien sur cinq a déjà fait pipi dans l'eau. Et ce ne sont pas tous des nageurs de haut niveau !