Une récente étude d'observation suggère que les femmes sont moins promues que les hommes dans le monde médical. Est-ce réellement le cas, et si oui comment cela s'explique-t-il ?


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    Dans les années 2000, une étude avait déjà mis en évidence ce phénomène : les femmes diplômées entre 1979 et 1997 étaient moins susceptibles d'être promues à des postes académiques prestigieux. Des chercheurs de l'université du Kansas ont voulu savoir si ce phénomène s'était atténuéatténué ou s'il avait persisté. Si au sein des études de médecine, la parité tend à être atteinte, contrairement à quelques décennies en arrière, cela semble toujours pécher en matièrematière de promotion. Ils publient leurs résultats dans le New England Journal of Medicine

    Un échantillon large

    Les données que les scientifiques ont analysées proviennent de l'association des universités médicales américaines qui recensent tous les diplômés d'un doctorat en médecine. Ils ont alors réalisé une étude transversale, c'est-à-dire, regarder les données à un instant T bien précis, sans faire de suivi, sur plus de 500.000 diplômés de 134 écoles de médecine. Le principal paramètre pris en compte par les investigateurs était les nominations à temps plein dans les facultés en tant qu'assistante, associée ou professeure titulaire et directeur de département. Les scientifiques ont ensuite calculé la différence entre le taux actuel et le taux normalement attendu de femmes promues si ce rapport reflétait le pourcentage de femmes dans les promotions. 

    Dans la plupart des cohortes étudiées, moins de femmes que prévu ont été promues au rang de professeure associée ou titulaire ou nommée au poste de directeur de département. © HalfPoint, Adobe Stock
    Dans la plupart des cohortes étudiées, moins de femmes que prévu ont été promues au rang de professeure associée ou titulaire ou nommée au poste de directeur de département. © HalfPoint, Adobe Stock

    Des résultats mitigés

    Dans la plupart des cohortes étudiées, moins de femmes que prévu ont été promues au rang de professeure associée ou titulaire ou nommée au poste de directeur de département. Aussi, lorsqu'elles étaient promues, la promotion avait lieu légèrement plus tard que les hommes. Les résultats étaient similaires dans les départements de sciences fondamentales (hormis pour les mathématiques) et cliniques. Dans les analyses qui incluaient toutes les cohortes, après ajustement pour l'année d'obtention du diplôme, la race ou le groupe ethnique et le type de département, les femmes professeure adjointe étaient moins susceptibles que leurs homologues masculins d'être promues au poste de professeure agrégée. D'un autre côté, les femmes semblent être promues au rang de professeure associée plus souvent et plus tôt que les hommes. 

    Quelques facteurs non pris en compte

    Devant ces résultats, les auteurs suggèrent qu'il n'y a pas eu de rétrécissement de l'écart observé dans les années 2000 au fil du temps. Ils tentent alors d'expliquer la corrélation observée en énonçant la persistance d'une mentalité et d'un climatclimat « vieux garçon » qui conduirait à ce manque de parité des sexes, notamment à cause de l'idée que les femmes vont avoir plus de mal à gérer les responsabilités, les difficultés et le leadership à cause de leur vie de famille. Pourtant, les auteurs rappellent que dans des sondages récents, les femmes avaient des aspirations similaires à celles des hommes en matière de responsabilité et de leadership

    Si changer cette mentalité existante au sein des institutions académiques est un enjeu crucial, notamment pour diminuer le sexisme et le harcèlement sexuel que subissent les femmes au sein de ces institutions, précisons néanmoins que les résultats ne sont pas ajustés pour deux facteurs importants, à savoir la productivité et la titularisation du poste. Dès lors, la relation de causalité ne va pas forcément de soi et il faudrait d'autres analyses statistiques pour confirmer les résultats.