Dans un document de synthèse, l'Institut de veille sanitaire fait le point sur les effets sanitaires des incinérateurs d'ordures ménagères. Conclusion : « des éléments convaincants » confirment des observations déjà existantes d'un impact sur la santé humaine.

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    L'étude sur dix ans menée dans quatre départements français confirme que la présence d'un incinérateur d'ordures ménagères n'est pas sans impact sur la santé... © nfrPictures/Fotolia

    L'étude sur dix ans menée dans quatre départements français confirme que la présence d'un incinérateur d'ordures ménagères n'est pas sans impact sur la santé... © nfrPictures/Fotolia

    En passant de 300 en 1990 à 128 en 2006, le nombre d'incinérateurs d'ordures ménagères a littéralement fondu en France ces 15 dernières années. C'est une bonne nouvelle puisque la plupart des installations fermées étaient vétustes. Mais malgré des efforts certains dans ce domaine, notre pays accueille encore sur son sol le plus grand parc d'incinérateurs d'Europe.

    C'est ce qu'indiquent les rédacteurs du Bulletin épidémiologique Hebdomadaire (BEH, édité par l'Invs, Institut de veille sanitaireInstitut de veille sanitaire) qui, dans un numéro thématique, se sont penchés sur les effets sanitaires des incinérateurs. « Nous avons de bonnes raisons d'être satisfaits car [les] anciens incinérateurs ont induit des risques pour la santé des populations avoisinantes » explique dans un éditorial le Pr Denis Zmirou-Navier (université de Nancy, Inserm U954 et Ecole des Hautes études en Santé publique).

    Corrélation avec plusieurs cancers

    L'étude de terrain menée de 1990 à 1999 illustre d'ailleurs cette réalité. Haut-Rhin, Bas-Rhin, Isère et Tarn : les alentours des usines d'incinération de ces quatre départements ont été passés à la loupe. L'objectif était d'observer une éventuelle relation entre l'incidence locale des cancers et l'exposition aux polluants émis par les usines.

    Au-delà de la complexité des chiffres avancés, « l'étude a mis en évidence des relations significatives entre l'exposition [aux polluants] et l'incidence de plusieurs cancers » précisent les auteurs. La corrélation est particulièrement nette chez la femme et pour toutes sortes de cancers : du foie, du poumon, du sein, les leucémiesleucémies, les sarcomessarcomes des tissus mous...

    Mais les rédacteurs restent prudents en refusant d'établir toute relation de cause à effet. Nuance linguistique oblige, ces derniers ne parlent que d'« éléments convaincants [apportés] au faisceau d'arguments épidémiologiques qui mettent en évidence un impact des émissionsémissions des incinérateurs sur la santé »...