Depuis février, une épidémie due au virus Ébola sévit dans le sud de la Guinée. La Sierra Leone voisine pourrait également dénombrer ses premières victimes. Une situation jusqu’alors inédite dans la partie ouest de l’Afrique.

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    La Guinée, un pays manquant cruellement de personnels médicaux, doit faire face à une terrible épidémie due au virus Ébola qui aurait déjà fait au moins 59 morts. © Frederick Murphy, CDC, DP

    La Guinée, un pays manquant cruellement de personnels médicaux, doit faire face à une terrible épidémie due au virus Ébola qui aurait déjà fait au moins 59 morts. © Frederick Murphy, CDC, DP

    La Guinée lutte depuis le 9 février contre une épidémie mortelle qui a fait au moins 61 victimes parmi 87 personnes touchées dans le sud du pays, d'après les chiffres du ministère de la Santé local. Une analyse par un laboratoire lyonnais confirme les suspicions : le terrible virus Ébola a été retrouvé dans au moins six échantillons. La souche n'a pas encore été identifiée, pourtant l'information est cruciale car elle permettra de déterminer la dangerosité du virus circulant, sachant que le taux de mortalité varie entre 25 et 90 % selon le variant, d'après l'OMS.

    La fièvre hémorragique qui découle de l'infection se caractérise par de fortes poussées de fièvre, des diarrhées fortes, des vomissements, une fatigue intense, tant de symptômes associés parfois à des hémorragies. La maladie, contagieuse, se transmet principalement par les fluides biologiques (sang, urine, etc.) des patients. Les personnels médicaux sur place ont constaté une forte propension à la propagation au sein des membres d'une même famille. Eux-mêmes figurent parmi les personnes les plus exposées, et huit d'entre eux ont déjà succombé.

    Les autorités sanitaires locales sont débordées, malgré l'aide des ONG. Néanmoins, des mesures ont déjà été mises en place : cinq tonnes de médicaments et d'équipements médicaux ont été envoyées dans les villes concernées, bien qu'il n'existe aucun traitement de la maladie. Devraient suivre 33 tonnes de matériel spécialisé, envoyées par avion depuis la France et la Belgique. Des restrictions ont été mises en place lors des cérémonies funéraires, afin de limiter la contagion après la mort d'un individu. Autre urgence : retrouver les personnes en contact avec les différents malades pour éviter la propagation de l'épidémie, qui, on l'a cru, aurait même concerné la capitale, Conakry. Les analyses ultérieures ont néanmoins démenti : cette fièvre hémorragique n'était pas due à ÉbolaÉbola.

    Le virus Ébola appartient à la famille des filovirus, comme son terrible cousin, le virus Marburg. Ces deux virus à ARN simple comptent parmi les pathogènes les plus dangereux qui existent pour l’Homme. © Cynthia Goldsmith, CDC, DP

    Le virus Ébola appartient à la famille des filovirus, comme son terrible cousin, le virus Marburg. Ces deux virus à ARN simple comptent parmi les pathogènes les plus dangereux qui existent pour l’Homme. © Cynthia Goldsmith, CDC, DP

    Ébola menace la Sierra Leone et le Liberia

    Les inquiétudes se tournent également vers la Sierra Leone, pays voisin dans lequel un cas suspect a été rapporté au ministère de la Santé. Un adolescent de 14 ans venu en Guinée pour assister aux funérailles d'une des victimes a présenté les symptômes, avant sa mort. Le Liberia, frontalier avec les deux pays, est également sous la menace.

    Seul ce territoire a déjà connu un cas humain d'infection par le virus Ébola. C'était il y a 20 ans : un scientifique suisse avait attrapé la maladie après avoir disséqué un chimpanzéchimpanzé contaminé, avant de s'en remettre. Autrement, les épidémies se concentrent généralement plus dans l'est du continent noir, en République démocratique du Congo, en Ouganda, au Gabon ou au Soudan du Sud, où elles font quelques dizaines de victimes. C'est d'ailleurs d'une des rivières circulant dans ce premier pays que le virus tire son nom.

    L'origine de cette épidémie sur la côte atlantique demeure mystérieuse. En général, la contaminationcontamination s'effectue lors d'un contact étroit avec un animal contaminé, comme les gorillesgorilles, les chimpanzés et autres singes, les chauves-souris, certaines antilopesantilopes ou même les porcs-épics. D'où vient-elle cette fois ? Mais surtout, où et quand s'arrêtera-t-elle ?