Des travaux scientifiques suggèrent que laisser son bébé se nourrir avec les doigts aurait un impact bénéfique sur sa santé. Davantage sensibilisé à la texture des aliments, il s’orienterait plus naturellement vers une nourriture saine et limiterait donc les risques de surpoids. 

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    Manger avec les doigts serait donc une bonne chose pour les bébés. Encore une étude qui montre que les bébés sont capables de choses étonnantes. Une précédente expérience montrait par exemple que les bébés n'aiment pas les menteurs, se fiant moins à une personne qui vient de les tromper leur mentir. © Cheyenne, searunner.sv-timemachine.net, cc by nc sa 3.0

    Manger avec les doigts serait donc une bonne chose pour les bébés. Encore une étude qui montre que les bébés sont capables de choses étonnantes. Une précédente expérience montrait par exemple que les bébés n'aiment pas les menteurs, se fiant moins à une personne qui vient de les tromper leur mentir. © Cheyenne, searunner.sv-timemachine.net, cc by nc sa 3.0

    « Une cuillérée pour maman, une cuillérée pour papa... » C'est un vieil adage qu'il faudra peut-être bientôt oublier. Car n'en déplaise aux bonnes manières, une étude vient de montrer que laisser bébé se nourrir avec les doigts diminuerait ses chances de devenir un enfant obèse. Pourquoi ? Les petits seraient capables de discerner ce qui est bon pour leur santé.

    C'est du moins les conclusions que l'on peut tirer du travail mené par des chercheurs britanniques de l'université de Nottingham, paru dans le BMJ Open. Pour ce faire, ils ont recruté les parents de 155 enfants âgés de 20 mois à 6 ans et demi et leur ont demandé de répondre à un questionnaire sur l'alimentation du nourrisson et sur le mode de sevrage.

    Parmi l'ensemble des bébés, 92 ont été sevrés par la méthode dite du baby-let weaning, qui consiste à les laisser se diriger spontanément vers la nourriture qui les tente. À cet âge, le bambin ne maîtrise pas l'utilisation des couverts et se sert de ses mains pour mettre la nourriture dans la bouche. Les 63 autres sujets ont quant à eux été nourris à la petite cuillère après que les aliments ont été réduits en purée. Leur préférence parmi 151 aliments différents, regroupés dans les grandes catégories (glucides, protéines, graisses...) ont été répertoriées.

    Les doigts préfèrent les sucres lents, les cuillères les sucres rapides

    Plusieurs résultats émergentémergent des données recueillies. Tout d'abord, les enfants se nourrissant avec les mains ont une préférence plus marquée pour les glucides (concrètement les sucres lents comme le pain ou les pâtes) que leurs homologues nourris à la petite cuillère. Ces derniers, quant à eux, sont plus attirés par les produits sucrés.

    Lorsque l'on nourrit les bébés à la cuillère, ils ont tendance à préférer les sucres rapides. Or, ce ne sont pas les produits les plus sains pour la santé, ils peuvent faciliter l'obésité. Si quelques sucreries ne représentent pas un danger, les habitudes alimentaires durant la petite enfance perdurent parfois tout au long de la vie. © Randi805, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Lorsque l'on nourrit les bébés à la cuillère, ils ont tendance à préférer les sucres rapides. Or, ce ne sont pas les produits les plus sains pour la santé, ils peuvent faciliter l'obésité. Si quelques sucreries ne représentent pas un danger, les habitudes alimentaires durant la petite enfance perdurent parfois tout au long de la vie. © Randi805, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Les chercheurs expliquent cette appétence particulière par le fait que le contact sensoriel des mains sur la nourriture leur donne une meilleure appréciation globale de l'aliment, ce qui n'est pas le cas des enfants chez qui tout est réduit en bouillie et où tout a la même consistance. Ils prendraient ainsi mieux conscience de ce qu'ils mangent.

    Plus de libertés pour les bébés, moins d’obésité

    Les milieux sociaux ne semblent pas intervenir dans la préférence alimentaire de nos jeunes cobayes. Les auteurs ont tout de même constaté une tendance à s'orienter plus facilement vers les légumes chez les enfants issus des classes les plus favorisées.

    Les indices de masse corporelleindices de masse corporelle (IMC) des enfants ont été comparés entre eux. En moyenne, il est plus faible du côté des bébés ayant découvert les aliments par eux-mêmes. Selon les standards de l'OMSOMS (les courbes que l'on trouve dans les carnets de santé), huit enfants du groupe sevré à la petite cuillère présentaient un surpoids important, contre un seul dans l'autre lot.

    Les auteurs en déduisent donc que le mode de sevrage pourrait être l'un des facteurs influant sur l'obésité infantile. Les bébés seraient en mesure de se diriger seuls vers ce qui est le meilleur pour eux et il ne serait donc pas mauvais de les laisser expérimenter tout seul. Ce qui n'est pas toujours le cas des adultes...