La dégradation de la santé liée à la consommation excessive de boissons sucrées risque de devenir un des problèmes les plus préoccupants auxquels aura à faire face la génération montante, tombant sous le charme de publicités souvent trompeuses.

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    L'obésité, peut-être le pire fléau actuel de l'enfance dans les pays industrialisés... © Cliff1066 / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    L'obésité, peut-être le pire fléau actuel de l'enfance dans les pays industrialisés... © Cliff1066 / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    L'augmentation fulgurante de la proportion d'obèses dans notre société, et cela depuis l’enfance, avec toutes les conséquences désastreuses sur la santé, telles sont les menaces qui pèsent aujourd'hui sur les amateurs de boissons sucrées et hypercaloriques.

    Alors qu'il y a quelques dizaines d'années, l'eau occupait la place d'honneur à toutes les tables, Coca-ColaCoca-Cola, Fanta et toute une panoplie de limonades aux goûts et formules (chimiques) sans cesse renouvelés l'ont remplacée. Pour la plus grande joie de nos bambins et... du secteur agroalimentaire, bien ancré dans ce créneau comme le chercheur d'or dans sa mine.

    Du sucre toute la journée... © msmail / Flickr - Licence <em>Creative Common (by-nc-sa 2.0)</em>

    Du sucre toute la journée... © msmail / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Si le sucre est indispensable à notre organisme, son excès est probablement une des meilleures illustrations de l'adage disant que « le mieux est l'ennemi du bien ». Selon la revue médicale The Lancet, sa consommation excessive est responsable de plus de trois millions de morts chaque année dans le monde, dont approximativement 2,2 millions suite aux troubles cardiovasculaires engendrés, et 960.000 par le diabète, maladie invalidante dont le nombre de cas détectés est aussi en constante augmentation dans les pays industrialisés. Il favoriserait aussi le développement d'autres maladies, comme des cancers (colorectalcolorectal, estomac, intestin, foie, pancréas notamment). Il est désormais bien loin le temps où l'on recommandait aux travailleurs de force de croquer vingt morceaux de sucre par jour...

    Or, les boissons sucrées communément absorbées ont une densité calorique majeure : alors qu'elles fournissent un taux de caloriescalories maximum, elles n'apportent aucune satiété de sorte que l'on a toujours envie d'en reprendre. Aux Etats-Unis, une enquête effectuée en 2003-2004 avait répertorié durant deux jours l'alimentation de sujets de 2 à 19 ans en évaluant la quantité de calories absorbées par la boisson. Elle avait conclu que pour 90% d'entre eux, le sucre contenu dans les sodas, mais aussi jus de fruits, thés sucrés etc., représentaient plus de 10 % de leur apport quotidien. « Ce travail confirme l'impact substantiel sur l'obésitéobésité qu'aurait la simple substitution par l'eau des boissons sucrées. Une telle mesure est importante pour rapprocher enfin l'énergieénergie absorbée de celle dépensée chaque jour », avait alors conclu Tracy Orleans, un des coauteurs de l'étude.

    L'un boit, l'autre pas... © Goodrob13 / Flickr - Licence <em>Creative Common (by-nc-sa 2.0)</em>

    L'un boit, l'autre pas... © Goodrob13 / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Mercredi dernier, une nouvelle étude a été publiée dans le New England. Ses auteurs, les docteurs Brownell (université de Yale) et Frieden (commissaire à la santé pour la ville de New York), y constatent qu'au cours des dix dernières années, la consommation de boissons sucrées a augmenté de 30%, dépassant pour la première fois celle du lait, faisant augmenter de 60% le risque pour l'enfant de devenir obèse. En conclusion, le rapport suggère que soit appliquée sur la vente des boissons sucrées la même stratégie que celle qui a fait baisser la consommation du tabac : une taxation exceptionnelle.

    Désinformation organisée

    Selon les chiffres publiés, les taxes levées sur le tabac ont eu un très net impact sur la vente de cigarettes, et il est parfaitement possible d'appliquer cette stratégie sur les boissons sucrées. Il y est estimé que chaque augmentation de 10% du prix des canettes réduirait la consommation de 7,8%.

    Bien entendu, une telle mesure, avant d'être appliquée, devrait tout d'abord franchir les redoutables obstacles que l'on imagine déjà levés par les acteurs de l'industrie agroalimentaire, dont les publicités vantent à tout va l'apport en énergie et vitaminesvitamines sous forme d'extraits de fruits, parfaitement inutile sur le plan nutritionnel. Un combat qui rappelle, sans équivoque, celui des cigarettiers...

    En attendant, une telle disposition ne serait même pas une idée récente. N'est-ce pas déjà l'économiste Adam Smith, qui écrivait « le sucre, le rhum, le tabac sont des produits universellement consommés mais nulle part nécessaires à la vie, ils s'avèrent donc particulièrement propices à la taxation », dans Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, publié à partir de... 1776 ?