Longues, fines et dotées naturellement d’agents anticoagulants : les artères d’autruches figurent parmi les candidats les plus intéressants pour les transplantations de vaisseaux sanguins en cas de pontage. Pour la première fois, l’opération a été réalisée avec succès sur un animal à taille humaine : le porc.

au sommaire


    Quand un vaisseau sanguin vient à se boucher, du fait d'une plaque d’athérome par exemple, il n'y a parfois pas d'autre solution que de le remplacer. Le chirurgien pratique alors un pontage et dérive la circulation humaine avant l'obstruction pour la faire reprendre plus loin à l'aide d'une artère récupérée dans une autre région du corps du patient.

    Inéluctablement, une telle opération pose des problèmes techniques. Les vaisseaux aux bonnes dimensions ne se trouvent pas n'importe où et sont surtout présents en quantité très limitée. De plus, leur prélèvement constitue une mutilation supplémentaire.

    Les chercheurs planchent sur une autre solution et testent des vaisseaux provenant d'animaux ou d'autres, artificiels, en résine. Mais là encore, ils ne sont pas exempts de problèmes. Les vaisseaux artificiels par exemple ne peuvent être utilisés en deçà de 4 mm de diamètre, à cause du risque de formation d'un caillot sanguin.

    Le caillot sanguin, ou thrombus, apparaît lorsque le sang coagule. Tant qu'il est de petite taille, il ne présente pas encore un grand danger. Mais s'il grossit jusqu'à obstruer le vaisseau, il crée une thrombose potentiellement mortelle. Les techniques actuelles de pontage peuvent causer une telle pathologie. Mais les artères d'autruche possèdent naturellement des anticoagulants. © Matth97, Wikipédia, cc by 3.0

    Le caillot sanguin, ou thrombus, apparaît lorsque le sang coagule. Tant qu'il est de petite taille, il ne présente pas encore un grand danger. Mais s'il grossit jusqu'à obstruer le vaisseau, il crée une thrombose potentiellement mortelle. Les techniques actuelles de pontage peuvent causer une telle pathologie. Mais les artères d'autruche possèdent naturellement des anticoagulants. © Matth97, Wikipédia, cc by 3.0

    Du cou de l’autruche à la jambe humaine

    La solution pourrait venir d'un animal peu familier dans nos contrées : l'autruche. Le plus grand des oiseaux possède dans son long cou des artères idéales. Longues de 30 centimètres, elles mesurent 2 mm de diamètre, une taille idéale, et présentent naturellement des moléculesmolécules prévenant de la formation des caillots sanguins.

    Déjà testés chez de petits animaux, ces vaisseaux ont les dimensions idéales pour être transplantés chez l'Homme. En effet, un pontage coronarien exige 10 cm de tuyau de dérivation, quand le pontage fémoral en nécessite 20. Il suffirait au chirurgien de découper un morceau de la longueur nécessaire.

    Essais cliniques à venir avec les vaisseaux d'autruche

    Mais les scientifiques n'en sont pas encore là, même si on s'en rapproche. Des chercheurs japonais du Biomedical Engineering Department of the National Cerebral and Cardiovascular Center de Suita ont fait un pas de plus dans cette direction en expérimentant ces artères d'autruche chez un animal à taille humaine : le porc.

    Cinq cochons ont subi un pontage fémoral. Pour éviter (ou au moins limiter) les risques de rejet, les scientifiques expliquent, de manière peu précise, avoir traité les vaisseaux. À l'aide de hautes pressionspressions, ils ont retiré les marqueurs exprimés à la surface des cellules endothéliales tapissant la lumièrelumière du tube, probablement pour éviter que les cellules du système immunitaire de l'hôte ne le perçoivent comme un élément étranger.

    En tout cas, la technique semble avoir fonctionné. Chez tous les individus, le sang a parfaitement circulé sans même ajouter d'anticoagulants, souvent nécessaires pour éviter l'apparition de caillots. Le pontage testé et éprouvé avec succès, les auteurs comptent désormais poursuivre les investigations et espèrent lancer des essais cliniquesessais cliniques d'ici trois ans. Et si des autruches nous sauvaient la vie ?