Une récente et vaste étude met en évidence l'augmentation phénoménale des bactéries résistantes aux antibiotiques chez les animaux destinés à la consommation humaine dans les pays en voie de développement. Cette découverte inquiète et demande une réponse sanitaire urgente. 


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    On les appelle les « superbactéries » ou encore les bactéries « multirésistantes ». Elles sont devenues progressivement la hantise de la communauté médicale. Ces bactéries sont des organismes qui, exposées de manière récurrente aux antibiotiques, ont développé des mécanismes d'adaptation et n'y sont plus sensibles. L'infection persiste et cela peut parfois devenir gravissime. Mais ces bactéries ne posent pas problème uniquement chez les humains.

    Trop d'antibiotiques chez les animaux d'élevage des pays peu développés

    Chez les animaux destinés à la consommation également, des doses d'antibiotiques massives ont été utilisées par le passé pour prévenir d'éventuelles infections. Dans les pays en voie de développement, où la demande de viande s'accroît de façon exponentielle, l'utilisation des antibiotiques est exacerbée. Selon une récente étude, c'est 50 % de bactéries multirésistantes qui sont présentes dans les produits animaux de ces contrées. L'OMS recommande d'ailleurs depuis quelques années déjà de réduire les traitements antibiotiques chez les animaux d'élevage. 

    Dans les pays en voie de développement, la demande de viande s'accroit, la production également et des doses massives d'antibiotiques sont injectées aux animaux destinés à la consommation. © sahachat, Fotolia
    Dans les pays en voie de développement, la demande de viande s'accroit, la production également et des doses massives d'antibiotiques sont injectées aux animaux destinés à la consommation. © sahachat, Fotolia

    De l'importance d'apporter une aide sanitaire 

    Dans cette étude, les chercheurs du CDDEP (Center for Disease Dynamics, Economics & Policy), de l'ETH Zurich, de l'Université de Princeton et de l'Université Libre de Bruxelles rendent compte du phénomène, dans la revue Science, une aide des pays développée pour gérer cette crise est nécéssaire afin de ne pas compromettre les efforts qui sont faits depuis des décennies désormais pour endiguer la progression de ces organismes.

    « L'augmentation de la résistancerésistance aux antibiotiques dans les pays à revenu faible et intermédiaire est particulièrement préoccupante, car c'est là où la consommation de viande augmente le plus rapidement, tandis que l'accès aux antimicrobiens vétérinairesvétérinaires reste largement non réglementé, prévient l'un des auteurs de l'étude, Thomas Van Boeckel, à l'ETH Zurich. La résistance aux antibiotiques est un problème mondial et il est inutile de faire des efforts considérables pour réduire la résistance d'un côté du monde si elle augmente de manière spectaculaire de l'autre côté du monde. » Afin de ne pas voir leurs efforts s'effondrer, les pays développés se doivent d'apporter une aide sanitaire à ces pays au risque de ne pas réussir à endiguer ce qui pourrait devenir une impasse sanitaire mondiale.