Des patients essoufflés après la Covid-19 ne présentent pourtant aucun problème sur les scanners des poumons. Mais, un autre examen plus poussé a permis de révéler un dysfonctionnement dans les échanges entre les alvéoles pulmonaires et le sang.


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    Inspirer, expirer. Un réflexe anodin pour la plupart des gens, mais qui devient une véritable épreuve quand les poumons sont endommagés. Certains malades de la Covid-19 l'expérimentent à leurs dépens pendant la phase aiguë de la maladie, et parfois, bien longtemps après. L'essoufflement est l'un des nombreux symptômes du Covid long qui affecte le quotidien des malades. Les scientifiques anglais ont décelé des anomalies pulmonaires grâce à un examen spécial chez des patients pour lesquels les scanners et autres examens de routine ne montraient aucun problème. Les résultats ne sont pas encore parus dans une revue à comité de lecture.

    L'examen réalisé s'appelle une IRM au xénonxénon hyperpolarisé. Une technique complexe durant laquelle un patient allongé dans l'appareil à IRM inspire du xénon gazeux hyperpolarisé, puis retient sa respiration quelques secondes le temps de prendre des images. Ainsi, les scientifiques peuvent suivre les échanges gazeux qui ont lieu à chaque respiration entre les millions d'alvéoles pulmonairesalvéoles pulmonaires et les capillaires sanguins qui les enserrent. « Le xénon suit la voie de l'oxygène lorsqu'il est absorbé par les poumons et peut nous dire où se situe l'anomalie entre les voies respiratoires, les membranes d'échange de gazgaz et les capillaires dans les poumons », explique Jim Wild, de l'université de Sheffield.

    L'IRM n'est pas un examen de routine pour explorer les problèmes pulmonaires car il donne de moins bons résultats que d'autres examens d'imagerie comme la radiographie ou le scanner. Mais, dans ce cas, il a permis de révéler l'invisible.

    Une radio des poumons ne permet pas de mettre en lumière les problèmes dans les échanges gazeux entre les poumons et le sang observés ici. © Chlorophylle, Adobe Stock
    Une radio des poumons ne permet pas de mettre en lumière les problèmes dans les échanges gazeux entre les poumons et le sang observés ici. © Chlorophylle, Adobe Stock

    Des anomalies autrefois invisibles

    L'IRM au xénon hyperpolarisé a été utilisée sur une poignée de patients inclus dans une étude appelée Explain qui s'intéresse au Covid long. Les anomalies persistantes ont été observées chez des patients atteints de Covid long après une infection initiale qui n'a pas nécessité d'hospitalisation. Pour sept patients sur les onze inclus dans l'étude, des échanges gazeux significativement réduits ont été observés.

    La petite taille de la cohortecohorte ne permet pas d'interpréter ces résultats au-delà de la constatation, ni de dire que c'est un problème d'échange gazeux entre les poumons et le sang qui est à l'origine de l'essoufflement des patients. Une observation similaire avait été faite en mai 2021. La même équipe avait identifié des anomalies à l'IRM au xénon hyperpolarisé chez des patients hospitalisés cette fois-ci. Les résultats publiés dans la revue Radiology vont dans le même sens que ceux présentés ici.

    « C'est une découverte intéressante qui mérite d'autres études. Actuellement, en raison de la petite taille de l'échantillon, elle doit être considérée comme un générateurgénérateur d'hypothèses. Il serait bon que les auteurs élargissent maintenant leur étude pour inclure un plus grand nombre de patients, y compris ceux sans essoufflement significatif, aux côtés de participants ayant déjà été infectés par la Covid-19 et qui se sont complètement rétablis. Cela nous aidera à mieux comprendre la cause de l'essoufflement dans les Covid longs et si ces anomalies jouent un rôle », commente Colin Berry, Professeur de cardiologie à l'université de Glasgow.

    À terme, le projet Explain espère enrôler plusieurs centaines de personnes pour améliorer le diagnosticdiagnostic et la prise en charge des personnes atteintes de Covid long.