Dans la lutte contre le Covid-19, la fraction de cas non diagnostiqués, mais infectieux apparaît comme une caractéristique épidémiologique critique. Car selon les chercheurs, ces cas de malades présentant des symptômes légers seraient extrêmement nombreux. Et de fait, responsables de l’explosion globale des cas.


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    « Je ne suis pas malade. Pourquoi devrais-je rester chez moi ? » Cette remarque, nous l'avons tous entendu prononcer, ces derniers jours. Et aujourd'hui, des chercheurs de l'université de ColumbiaColumbia (États-Unis) nous apportent une réponse sans équivoque. « L'explosion de cas de Covid-19 en Chine a été largement provoquée par des individus présentant des symptômes légers, limités ou inexistants qui n'ont pas été détectés. »

    Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont élaboré un modèle informatique qui s'appuie d'une part sur les observations d'infections et de propagation signalées en Chine. Et d'autre part, sur des données portant sur les mouvementsmouvements de personnes entre 375 villes chinoises. Le tout, d'abord entre le 10 et le 23 janvier puis entre le 24 janvier et le 8 février.

    Leur objectif : simuler comment le SARS-CoV-2 - le coronavirus qui cause le Covid-19 - s'est propagé avant et après que les restrictions sur les déplacements et autres mesures de confinement ont été mises en œuvre dans le pays.

    Selon des chercheurs de l’université de Columbia (États-Unis), les mesures de confinement sont d’autant plus importantes qu’elles aident à isoler les personnes atteintes de cas bénins de Covid-19. © vchalup, Adobe Stock
    Selon des chercheurs de l’université de Columbia (États-Unis), les mesures de confinement sont d’autant plus importantes qu’elles aident à isoler les personnes atteintes de cas bénins de Covid-19. © vchalup, Adobe Stock

    Confinement et diagnostic

    Selon leurs travaux, avant que le confinement soit décidé, les cas non diagnostiqués - lorsque les personnes présentent des symptômes légers ou nuls - représentent environ 86 % de toutes les infections. Ils sont 55 % moins contagieuxcontagieux que les autres. Mais compte tenu de leur grand nombre, ils seraient la source de près de 80 % des cas diagnostiqués en début d'épidémie.

    En examinant ensuite la situation après que des mesures de confinement ont été prises, les chercheurs ont remarqué que les cas diagnostiqués se sont mis à représenter 65 % de la totalité des infections. Une inversion de tendance due, selon eux, notamment aux mesures de confinement et à la mise à disposition d'un plus grand nombre de tests. De quoi, assurent-ils, mieux contrôler la propagation du coronavirus.

    Un défi majeur à l’endiguement de cette pandémie

    Ces travaux expliquent comment le SARS-CoV-2 a pu se propager aussi vastement, aussi rapidement. Par ailleurs, « ce type de transmissions furtives représente un défi majeur à l'endiguement de cette pandémiepandémie », note Jeffrey Shaman, professeur, dans un communiqué de l’université de Columbia. Ainsi les mesures de confinement apparaissent indispensables au ralentissement de la propagation du coronavirus. Mais elles doivent venir en synergiesynergie de mesures visant à limiter la transmissibilité du SARS-CoV-2 comme la généralisation des tests ou la mise en quarantaine des personnes contaminées.