Alors que certaines personnes sont plus aptes que d’autres à combattre naturellement le cancer, des chercheurs se sont intéressés à cette capacité. Elle semble mettre en jeu des taux élevés de deux cellules immunitaires : les lymphocytes T folliculaires helper (Tfh) et les lymphocytes B. Un nouveau pas pour envisager un traitement contre le cancer.

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    Les lymphocytes T folliculaires helper et les lymphocytes B se retrouvent naturellement en plus forte densité chez les personnes plus résistantes au cancer colorectal. Une propriété qui pourrait à l'avenir être exploitée pour soigner cette maladie. © NIAID, Wikipédia, DP

    Les lymphocytes T folliculaires helper et les lymphocytes B se retrouvent naturellement en plus forte densité chez les personnes plus résistantes au cancer colorectal. Une propriété qui pourrait à l'avenir être exploitée pour soigner cette maladie. © NIAID, Wikipédia, DP

    Le système immunitaire est capable de combattre certaines tumeurs avant qu'elles n'affectent la santé. En effet, dès l'identification de la tumeur, des cellules immunitaires sont mobilisées pour tuer et se débarrasser des cellules tumorales. Cependant, il arrive que certaines parviennent à survivre à la riposte des cellules immunitaires et s'installent. La tumeur devient maligne lorsqu'elle se développe de manière incontrôlée. Les chercheurs du centre de recherche des Cordeliers (université Paris-Descartes) étudient la façon dont le système immunitaire combat les tumeurs, dans le but de libérer au maximum le potentiel intrinsèque qu'a l'organisme pour lutter contre le cancer.

    Deux facteurs indiquent l'aptitude du corps à combattre un cancer : l'intensité de la réponse immunitaire et les mécanismes adoptés par les tumeurs pour échapper à la reconnaissance immunitaire.

    Des lymphocytes en forte densité

    Les interactions complexes entre les tumeurs et leur microenvironnement étaient jusqu'alors mal connues. Dans une nouvelle étude publiée dans Immunity, les chercheurs ont examiné la dynamique spatiotemporelle de 28 types de cellules immunitaires qui infiltrent les tumeurs colorectales. En combinant l'étude des interactions cellulaires et la bio-informatique, ils ont constaté que la composition des cellules immunitaires infiltrant les tumeurs change selon le stade de progression de la tumeur.

    L'équipe de recherche révèle l'importance de la densité élevée de certaines cellules immunitaires pour la survie des patients : les lymphocytes T folliculaires helper (Tfh) et les lymphocytes B. Ces résultats obtenus pour les tumeurs humaines ont été également démontrés dans trois modèles de souris de cancer du côlon.

    Le cancer colorectal compte parmi les cancers les plus dangereux : troisième pour l'incidence en France en 2012, il passe deuxième en ce qui concerne la mortalité. © Annie Cavanagh, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Le cancer colorectal compte parmi les cancers les plus dangereux : troisième pour l'incidence en France en 2012, il passe deuxième en ce qui concerne la mortalité. © Annie Cavanagh, Wellcome Images, cc by nc nd 2.0

    Les chercheurs ont également étudié plus spécifiquement chez les patients l'instabilité du gènegène de la chimiokine CXCL-13, qui module l'infiltration des lymphocytes Tfh et B. Ainsi, CXCL-13 et la moléculemolécule IL-21 s'avèrent être des facteurs supplémentaires qui favorisent la mort des cellules tumorales : de hauts niveaux de ces molécules sont corrélés à la survie des patients.

    Pousser le système immunitaire à combattre le cancer

    Ces observations indiquent que les lymphocytes T, Tfh et B forment un réseau de cellules qui communiquent au sein des tumeurs. Les taux élevés en lymphocytes Tfh et B empêchent la progression tumorale et la récidive dans le cas des tumeurs colorectales. Comme chez les patients, les lymphocytes T, Tfh et B contrôlent le développement tumoraltumoral dans des modèles murinsmodèles murins de cancer du côloncancer du côlon.

    « La réponse immunitaire évolue au cours de la progression du cancer. Le paysage immunitaire que nous décrivons dans le cas de tumeurs colorectales permet de comprendre cette évolution, pour pouvoir intervenir au bon endroit au bon moment », explique Jérôme Galon, directeur de recherche à l'Inserm et principal auteur de l'étude. « Le devenir clinique est très variable chez les patients avec un même stade de cancer. Comprendre pourquoi certaines personnes sont capables de se défendre contre le cancer pendant de nombreuses années est la clé de la lutte contre la maladie », conclut-il.