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Les médicaments utilisés dans les chimiothérapies contre les cancers n'ont pas le même effet selon les moments de la journée. Grâce aux mathématiques et à la génétique, les chercheurs tentent de trouver l'heure où leur utilisation serait optimale pour les patients. © Stephen Dicker, HollywoodPimp, Flickr, cc by nd 2.0
La chronothérapie des cancers, vous connaissez ? Il s'agit d'administrer les traitements à une heure optimale. L'efficacité des médicaments anticancéreux pourrait ainsi doubler, et leur toxicité diminuer selon l'heure d'administration. C'est ce que viennent de montrer les auteurs d'une étude internationale dont les conclusions ont été publiées dans la revue Cancer Research.
« Le métabolisme de l'organisme est rythmé sur 24 heures par l'horloge circadienne, expliquent les auteurs de ce travail, coordonné par l'Inserm, le CNRS et l'université Paris-Sud. De ce fait, à certains moments précis de la journée ou de la nuit, un médicament donné peut s'avérer plus toxique pour les cellules cancéreuses et moins agressif pour les cellules saines. »
Les cellules du cancer du pancréas sont plus sensibles à l'irinotécan à une heure particulière de la journée chez les souris. Le meilleur moyen d'optimiser l'efficacité des traitements contre le cancer. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
Les chimiothérapies sous la dépendance de la pendule
Bien entendu, les rythmes biologiques peuvent changer d'un individu à l'autre. « Pour 50 % des patients, l'heure optimale est la même. Les 50 % restants sont soit en avance soit en retard sur cette heure. » Pour comprendre les facteurs qui jouent sur ces différences dans les rythmes biologiques, les équipes du chronothérapeute Francis Lévi ont étudié la toxicité de l'irinotécan. Ce médicament est très utilisé dans le traitement du cancer du côlon et du pancréaspancréas. Ils ont ainsi observé sur des souris que l'heure de meilleure tolérance au traitement variait jusqu'à 8 heures d'un groupe de rongeursrongeurs à l'autre, selon leur sexe et leur patrimoine génétiquegénétique.
Grâce à un modèle mathématique complexe (en mesurant l'expression de 27 gènesgènes dans le foiefoie et le côlon au cours des 24 heures), les chercheurs ont pu prédire précisément l'heure à laquelle l'irinotécan est le moins toxique. Ils souhaitent à présent valider ce modèle pour d'autres chimiothérapies.
Au-delà de l'expression des gènes, ils voudraient aussi trouver d'autres paramètres physiologiques liés à l'horloge biologique. Objectif : prédire l'heure optimale des traitements pour chaque patient. Ces travaux devraient permettre d'accroître l'efficacité et la tolérance des traitements, mais aussi améliorer considérablement la qualité de vie des malades.