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Les personnes autistes ont du mal à interagir avec les autres. Et si un simple spray nasal à base d’ocytocine était la solution ? © hepingting, flickr, cc by sa 2.0
L'autisme est une maladie complexe et mal comprise qui apparaît dans les tout premiers instants de la vie et persiste à l'âge adulte. Les personnes qui en souffrent ont du mal à communiquer avec les autres et semblent souvent vivre dans une sorte de monde intérieur impénétrable. Il existe plusieurs formes d'autisme, regroupées sous le terme de troubles du spectre autistique (TSA). Selon l'Inserm, ces pathologies toucheraient plus de 100.000 personnes en France.
Les TSA sont aujourd'hui considérés par beaucoup de spécialistes comme la conséquence d'anomalies cérébrales. Les neurologues ont en effet apporté la preuve que l'organisation du cerveau d'une personne autiste différait de celle du reste de la population. Cependant, les causes de ces dysfonctionnements sont encore mal connues, même si la génétique semble être le facteur de risque prédominant. La pollution de l’air pendant la grossesse pourrait également favoriser le développement de ces troubles.
L'ocytocine, dont on peut voir ici une représentation tridimensionnelle, a été découverte en 1906. Cette hormone pourrait améliorer les liens sociaux des personnes autistes, y compris par administration nasale. © fvasconcellos, DP
Malgré les nombreuses recherches sur cette maladie, aucune solution miracle n'existe pour redonner aux enfants autistes un développement plus normal. Certaines thérapiesthérapies permettent d'améliorer leurs comportements sociaux mais elles sont loin d'être parfaites. Une équipe de l'université Yale aux États-Unis s'est penchée sur un tout autre type de traitement. Ils se sont intéressés à l'ocytocine, une hormonehormone du cerveau connue pour favoriser la naissance de l'attachement entre une mère et son enfant. Elle est également à l'œuvre dans les relations amicales et amoureuses et rendrait même les hommes plus fidèles.
L’ocytocine, l’hormone qui recadre le cerveau
Plusieurs travaux ont tour à tour mis en avant l'effet de l'ocytocineocytocine sur les relations sociales. En 2005 par exemple, une étude montrait qu'elle favorisait la confiance d'une personne vis-à-vis d'une autre. Une recherche plus récente a même montré qu'elle permettait de vaincre la timidité et le manque de confiance en soi. Dans cette expérience, des personnes introverties se sont retrouvées plus ouvertes, plus chaleureuses et plus altruistes après avoir respiré cette hormone. L'ocytocine pourrait-elle également soigner l'autisme ? La question méritait d'être posée et l'équipe américaine a voulu y répondre. Ses résultats, publiés dans la revue Pnas, sont plutôt encourageants
Les chercheurs ont recruté 17 enfants et adolescents autistes âgés de 8 à 16 ans et demi. Ils leur ont injecté une solution d’ocytocine ou de placeboplacebo par spray nasal puis ont réalisé une série de tests pour analyser leurs comportements sociaux. Dans le même temps, ils ont observé leur activité cérébrale grâce à l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelleimagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).
Vers un traitement contre l’autisme ?
Leurs résultats montrent l'activation de certaines régions du cerveau en réponse à l'ocytocine. En particulier, l'hormone stimule les zones cérébrales impliquées dans le développement des émotions et dans le circuit de la récompensecircuit de la récompense, le système par lequel nous éprouvons du plaisir à manger ou à avoir une activité sexuelle. En d'autres termes, l'ocytocine semble améliorer la sensation de plaisir ressenti lors d'une interaction sociale. En revanche, elle réduit l'activité des parties du cerveau qui fonctionnent de manière exagérée chez les autistes.
« Cette étude est la première à directement montrer l'effet de l'ocytocine sur le cerveau des personnes souffrant de TSA, explique Illanit Gordon, le principal auteur de ces travaux. Les résultats sont très intéressants et ouvrent la voie vers la mise en place d'un traitement contre ces pathologies. » Cependant, de nombreuses recherches sont encore nécessaires pour éclaircir tous les mystères qui se cachent derrière ces maladies.