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    Les ophiolites représentent des fragments d'anciennes lithosphères océaniques charriés sur la croûte continentale par le jeu de la tectonique des plaques. Elles permettent l'observation dans le détail de la structure et de la composition d'un échantillon de croûte océanique difficilement accessible en temps normal. Les ophiolites permettent, entre autres, de comprendre les processus de formation de la croûte océanique à l'axe des dorsales. Elles sont donc considérées comme des analogues précieux témoignant de processus ayant lieu actuellement au fond des océans.

    Les ophiolites, un échantillon de croûte océanique à ciel ouvert

    L'architecture typique d'une ophiolite est donc la même que celle d'une croûte océanique actuelle. Elle se compose généralement, de bas en haut, de roches ultramafiques (péridotites), de gabbros, d'un complexe filonien et de basaltesbasaltes. Mais la diversité architecturale et de composition des ophiolites témoigne de la variabilité des processus de création de la croûte océanique. Cette variabilité a conduit à les classer en deux grands groupes suivant la composition de leur manteaumanteau résiduel. On distingue ainsi les ophiolites de type lherzolitique (LOT) et les ophiolites de type harzburgitique (HOT). Les ophiolites de type LOT sont issues d'un manteau ayant subi une faible fusion partiellefusion partielle et présentent une croûte souvent réduite, très fine, voire absente, témoignant d'un budget magmatique faible. Ce type d'ophiolite se compose principalement de péridotites fraîches et serpentinisées (altérées par l'eau de mer). Au contraire, les ophiolites de type HOT témoignent d'une fusion partielle plus importante et d'une forte production magmatique. Elles se composent d'une croûte épaisse ayant la succession typique péridotite, gabbros, complexe filonien, basaltes.

    Il existe plus de 150 complexes ophiolitiques à travers le monde. Les ophiolites les plus connues sont les ophiolites d'Oman, des Alpes, de Californie, de Turquie... L'ophiolite d'Oman représente la référence typique d'une ophiolite de type HOT. C'est elle qui a servi de modèle pour définir l’architecture d’une croûte océanique typique, lors de la conférence de Penrose en 1972. L'ophiolite des Alpes (au Chenaillet par exemple) représente quant à elle la référence du type LOT.

    Ophiolite du Chenaillet dans les Alpes. © saphon anthony, CC by-sa 3.0, <em>Wikimedia Commons</em>
    Ophiolite du Chenaillet dans les Alpes. © saphon anthony, CC by-sa 3.0, Wikimedia Commons

    Formation d’un complexe ophiolitique

    Les ophiolites sont généralement les témoins de la fermeture d'un océan, étape précédant la formation d'une chaîne continentale lors de la collision de deux plaques continentales. Ce processus de charriage de reliques du plancherplancher océanique est appelé obduction. La présence de ces roches dans les massifs montagneux est longtemps restée une énigme, jusqu'à l'élaboration de la tectonique des plaques. Si l'étude des ophiolites a permis de mieux comprendre la genèse de la croûte océanique, leur étude reste néanmoins complexe. En effet, le processus d'obduction peut amener à une transformation importante de ces roches initialement créées au niveau des dorsales océaniquesdorsales océaniques : métamorphismemétamorphisme, dislocation, plissement tectonique, écaillage, altération... Les processus tectoniques menant à la formation des chaînes de montagnes font que les séries ophiolitiques sont rarement complètes et reconstruire leur architecture d'origine représente un travail important.