Le 10 novembre dernier, une intense crise sismique poussa les habitants de la petite ville islandaise de Grindavik à évacuer. Ces nombreux séismes témoignaient d’une remontée de magma sous la ville, formant un ruban volcanique de 15 kilomètres de long. La déformation du sol associée à cet événement fut telle qu’elle permit d’estimer un débit magmatique alimentant ce conduit d’environ 7 400 m3/s, de quoi remplir une piscine olympique en moins d’une demi-seconde ! Incroyable ! Mais pas d’éruption d’emblée… Les trois éruptions qui ont eu lieu depuis furent d’ailleurs marquées par des débits éruptifs trente fois moindres, même s’ils sont malgré tout assez importants.


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    C'est vers 7 h que l'activité sismique débuta dans le secteur des cratères Sundhnúkur le 10 novembre 2023, sur la péninsule de Reykjanes au sud-ouest de l'Islande. Elle migra d'abord vers le nord, puis vers le sud dans l'après-midi, s'étendant sous la ville de Grindavik et jusque sous l'océan. La disposition de ces séismes dessinait une ligne parfaite, orientée nord-est/sud-ouest, témoin du conduit magmatique qui se formait et qui remontait vers la surface, la profondeur diminuant progressivement avec le temps de six à moins d'un kilomètre. Si la majorité de ces séismes étaient trop faibles pour être ressentis, plus de 300 de magnitudemagnitude supérieure à 3 ont été enregistrés entre 16 h et 7 h du matin, le lendemain ! Les habitants ont donc été secoués et l'on comprend donc pourquoi ils ont fui !

    En soirée du 10 novembre, une maison de Grindavik tremble comme une feuille !             

    En parallèle, la déformation du sol a débuté à partir de 16 h 40 et ce, avec des taux importants. En effet, les déplacements horizontaux et verticaux ont atteint près d'un mètre par endroits pendant cet évènement, à l'origine des nombreuses fissures dans la ville notamment. Cette déformation importante a permis à des scientifiques de calculer un débit alimentant ce conduit volcanique d’environ 7 400 m3/s entre 18 h et 19 h ce 10 novembre, pour une intrusion aux mensurations importantes : environ 4 kilomètres de haut pour la hauteur maximale, 15 kilomètres de long et environ 8 mètres de large !

    De nombreuses fissures dans la ville de Grindavik, à la suite de l’événement du 10 novembre !

    Un débit énorme, qui questionne !

    Quelque 7 400 m3/s permettraient donc de remplir une piscine olympique en une demi-seconde ! Pour autant, cela ne correspond pas à un débitdébit éruptiféruptif (en surface), contrairement à ce que l’on peut lire sur certains articles, mais bien au débit d'alimentation du conduit volcanique (sous terre) et il n'y a pas forcément de lien direct entre les deux. Les éruptions du 18 décembre 2023 et du 14 janvier 2024 dans le même secteur furent par exemple caractérisées par des afflux de magma en profondeur de 800 et 1 700 m3/s, pour des débits éruptifs de 100-300 et 100-200 m3/s (piscine remplie en 10 à 30 secondes). Ces derniers sont néanmoins assez importants en comparaison des débits estimés lors des trois éruptions sur le massif du Fagradalfsjall notamment, aux alentours de 10 à 30 m3/s (piscine remplie en 2 à 5 minutes). Le magma qui sortirait en surface ne correspondrait ainsi qu'entre 5 et 35 % de ce qui alimenterait cette intrusion au niveau du réservoir magmatique source !

    Lors de l'éruption de la montagne Pelée, nombre d'habitants ont été encore moins chanceux que ceux de Grindavik. Revivez l'histoire spectaculaire et tragique de l'une des plus grandes éruptions de l'Histoire de l'humanité, et de l'homme qui a enquêté sur ses circonstances. © Futura

    Même si ce débit à la source ne correspond pas à un débit éruptif, cela permet de comparer cet événement à d'autres éruptions. C'est visiblement supérieur au débit alimentant l’éruption du Bardarbunga en 2014-2015 en Islande (une éruption assez importante au centre de l'Islande), et légèrement supérieur aux 2000 à 3000 m3/s pour les premiers épisodes éruptifs des feux de Krafla entre 1975 et 1984, au nord de l'île, associé à un épisode de rifting comme c'est le cas en ce moment à Reykjanes (séquence volcano-tectonique liée à l'écartement entre deux plaques tectoniquesplaques tectoniques). Finalement, ce débit est comparable au débit éruptif moyen des premiers jours de l’éruption du Laki en 1783-1784, la plus grande éruption fissurale historique ! Sauf qu'à la différence de celle-ci, le magma n'est pas sorti et ce débit calculé pour le conduit sous Grindavik fut très bref. Eh oui, même si cet événement de 2023 est exceptionnel, il n'est quand même pas comparable à cette éruption énorme qui émit 14,7 km3 en neuf mois, ainsi qu'une quantité de gazgaz considérable qui participa certainement au refroidissement notable des températures en Europe juste avant la Révolution française !