Dans la vaste entreprise de décarbonation de nos économies, le secteur de l’aviation fait parfois figure d'Arlésienne. Pourtant, les scientifiques ne baissent pas les bras. Ils continuent de chercher des solutions. Une équipe confirme aujourd’hui le potentiel d’une voie en particulier, celle des biocarburants.


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    Pour sauver notre climat, nous allons devoir décarboner nos économies. En profondeur. Notamment l'un des secteurs réputés des plus difficiles à verdir, celui de l'aviation. La bonne nouvelle, c'est que les scientifiques continuent d'étudier les solutions. Des chercheurs de l’université de l’État de l’Arizona (États-Unis) pourraient bien avoir trouvé une réponse sur les terres agricoles dites marginales du pays.

    Rappelons que les États-Unis, ce n'est pas moins de 45 000 vols par jour. Quelque 1,7 million de passagers. Et plus d'un quart des émissionsémissions de dioxyde de carbone (CO2) émises dans le monde par le secteur de l'aviation. L'enjeu est de taille pour l'objectif zéro émission nette du pays.

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    Pour les chercheurs de l'université de l'État de l'Arizona, impossible d'attendre, en se tournant les pouces, l'électrification de la propulsion des avions -- qui réduirait les émissions à condition que l'électricité nécessaire soit elle-même bas carbonecarbone. Il fallait d'urgence se pencher sur la question des sources de carburant liquideliquide alternatives et plus durables. Des biocarburants. C'est ce qu'ils ont fait. Ils ont d'abord identifié les terres agricoles marginales -- des terres non mises en valeur par des cultures. Puis ils ont évalué celles qui permettraient des cultures énergétiques sans utilisation supplémentaire d'eau.

    Les chercheurs de l’université de l’État de l’Arizona (États-Unis) se sont concentrés sur les terres dites marginales. Celles qui pourraient, avec de moindres effets néfastes, devenir des terres à cultures énergétiques. © Alex Davis, Université de l’État de l’Arizona
    Les chercheurs de l’université de l’État de l’Arizona (États-Unis) se sont concentrés sur les terres dites marginales. Celles qui pourraient, avec de moindres effets néfastes, devenir des terres à cultures énergétiques. © Alex Davis, Université de l’État de l’Arizona

    Des plantes herbacées pour faire voler les avions

    Les chercheurs se sont ensuite assurés que la culture de matièrematière première énergétique n'aurait pas d'effets néfastes sur l'humidité des sols ni sur le climat local -- plus ou moins de précipitations, ou des températures plus chaudes ou plus froides. Puis ils ont évalué la productivité des deux plantes herbacées. Enfin, pleinement conscients de l'importance de l'aspect économique dans les prises de décision, ils ont estimé la quantité et le coût du biocarburant qui pourrait ainsi être produit.

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    L'étude révèle finalement que la plantation de miscanthus (une plante herbacée) sur 23,2 millions d'hectares de terres agricoles marginales existantes -- des terres qui sont souvent en jachère ou dont la qualité du sol est médiocre -- à travers les États-Unis fournirait suffisamment de matière première pour répondre entièrement aux besoins en carburant liquide du secteur de l'aviation américain. Soit une estimation d'environ 115 milliards de litres par an d'ici 2040. Le tout pour moins d'un euro le litre.

    Deux points sensibles sont tout de même soulignés. D'abord, le fait que la culture de miscanthus n'est, actuellement, pas suffisamment rentable pour remplacer l'utilisation qui est faite de toutes ces terres agricoles, fussent-elles marginales. Ensuite, le fait que le prix moyen du carburant conventionnel peut descendre jusqu'à 0,50 euro le litre.

    En 2022, toutefois, la crise énergétique a fait frôler au carburant conventionnel les 1,30 euro le litre. Ce qui laisse penser que le prix des biocarburants pourrait s'avérer acceptable. Et semble réellement installer la solution proposée par les chercheurs de l'université de l'État de l'Arizona parmi les solutions réalistes pour décarboner le secteur de l’aviation aux États-Unis.