Fumer tue, mais fumer pollue aussi. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, les mégots représentent 30 à 40 % des déchets ramassés sur les plages et dans nos villes ! Des déchets écotoxiques qui plus est. Une entreprise française propose une solution de recyclage.

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    Le tabac tue plus de sept millions de personnes chaque année dans le monde. Il est également à l'origine d'une importante pollution. Un mégot de cigarette en effet pollue, à lui seul, 500 litres d'eau. Car il contient les résidus de près de 4.000 substances chimiques que renferme une cigarette. La plupart d'entre eux sont écotoxiques. Une cinquantaine est cancérogènecancérogène.

    Dans un rapport, l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé préconise déjà un retour aux cigarettes sans filtre. Les filtres en effet sont constitués d'acétate de cellulosecellulose, un plastiqueplastique qui met une quinzaine d'années à se dégrader. Il constitue aujourd'hui le premier déchet plastique marin retrouvé sur nos côtes. Et contrairement à ce qui a été prétendu par l'industrie du tabac dans les années 1950 lorsqu'elle a lancé ce nouveau produit, les cigarettes sans filtre ne seraient pas plus dangereuses que les autres pour la santé.

    En 2 ans, 4 tonnes de mégots, soit 9,5 millions de filtres recyclés

    Dans le Finistère, une entreprise, MéGO!, a décidé de prendre le problème à bras le corps. Elle recycle les mégots après les avoir débarrassés de la quasi-totalité - soit entre 90 et 100 % - des polluants qu'ils contiennent.

    Une entreprise du Finistère propose de recycler les mégots de cigarette en plaques d'acétate de cellulose. © Fred Tanneau, AFP

    Une entreprise du Finistère propose de recycler les mégots de cigarette en plaques d'acétate de cellulose. © Fred Tanneau, AFP

    Dépolluer avant de recycler

    Dans un premier temps, les mégots sont broyés pour séparer les résidus des cendres, tabac et papier des filtres. Ces derniers sont ensuite lavés dans plusieurs bains d'eau, en circuit fermé, puis séchés et à nouveau broyés avant un thermocompressage. Les polluants, eux, sont évacués en déchets dangereuxdéchets dangereux.

    Résultat, des plaques d'acétate de cellulose marron, parsemées de marbrures, avec lesquelles l'entreprise fabrique par exemple des bancs à installer dans des zones fumeurs autour de cendriers. Et lorsque le banc est abîmé, il suffit de le broyer pour pouvoir le thermocompresser à nouveau et créer une nouvelle plaque.

    Plusieurs initiatives similaires commencent à émerger dans le monde où les mégots sont, soit recyclés en acétate de cellulose, soit transformés en matériaux pour l'isolation des bâtiments. Mais l'opération reste encore très compliquée. En décembre 2017, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) mettait ainsi en garde : « Il est aujourd'hui difficile, sur la base du peu d'éléments disponibles, notamment concernant la performance des procédés de lavage des filtres, d'évaluer leur pertinence et leur respect du cadre réglementaire existant. »