Un chasseur de fossile amateur a découvert un site de nidification de dinosaure. Les paléontologues qui ont eu la chance d’excaver le nid ont mis au jour des os d’embryons d'un cousin du Megalosaurus, le Torvosaurus. Ce théropode, qui vivait il y a 150 millions d’années, est rattaché aux premières branches de l'arbre phylogénique de ce groupe.

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    Le Torvosaurus est un dinosaure voisin du Tyrannosaurus rex. Il peut mesurer jusqu'à neuf mètres de long et vivait en Amérique du Nord et au Portugal. L'espèce s'est développée au Jurassique supérieur, soit voilà 150 millions d'années. © leon7, Wikipédia, GNU 1.2

    Le Torvosaurus est un dinosaure voisin du Tyrannosaurus rex. Il peut mesurer jusqu'à neuf mètres de long et vivait en Amérique du Nord et au Portugal. L'espèce s'est développée au Jurassique supérieur, soit voilà 150 millions d'années. © leon7, Wikipédia, GNU 1.2

    Les découvertes de sites de nidification de dinosaures se comptent sur les doigts la main. S'il est déjà très rare de tomber sur un nid, il l'est encore plus de trouver des embryonsembryons. Le plus vieux site découvert date de 190 millions d'années. C'était un nid de prosauropodes, ces dinosaures qui ont vécu au début du Jurassique pour laisser ensuite place aux sauropodes, dont les diplodocus faisaient partie. D'autres nids de sauropodes titanosauridés mis au jour, datent de 90 millions d'années.

    Ainsi lorsque Art Walen, un chasseur de fossile amateur, a découvert un nid fossilisé de 150 millions d'années, il avait de quoi se réjouir. Durant ses congés, ce passionné s'est rendu sur la formation de Lourinhã, à l'ouest du Portugal. Probablement par hasard, il a foulé quelques coquilles d'œufs, qu'il a pu tracer jusqu'au pied d'une falaise. Mais il n'y avait pas seulement des œufs isolés, un nid se trouvait en hauteur. Ce site de nidification a été découvert en 2005.

    Un embryon de <em>Torvosaurus </em>découvert au Portugal. Sur l'image A, on peut observer son maxillaire droit (m), sa dentition (d) et l'os malaire (j) et (jur). La barre d'échelle est de 10 mm. L'image B est un zoom sur le maxillaire droit de l'embryon. La barre d'échelle est de 5 mm. © Ricardo Araújo <em>et al</em>., <em>Scientific Reports</em>

    Un embryon de Torvosaurus découvert au Portugal. Sur l'image A, on peut observer son maxillaire droit (m), sa dentition (d) et l'os malaire (j) et (jur). La barre d'échelle est de 10 mm. L'image B est un zoom sur le maxillaire droit de l'embryon. La barre d'échelle est de 5 mm. © Ricardo Araújo et al., Scientific Reports

    Les paléontologuespaléontologues du muséum de Lourinhã (Museu da Lourinhã) se sont rendus sur place et ont excavé le nid. Les scientifiques pensaient qu'il s'agissait d'un nid de sauropode, le même ordre que le dinosaure dont les nids auraient été couverts voilà 90 millions d'années. Toutefois, sur le terrain déjà, ils soupçonnaient qu'ils avaient quelque chose de spécial entre les mains : la coquille d'œuf était ornée de formes étranges, rappelant la structure d'un nid d'abeille. La forme des œufs était loin de ressembler à ce qui avait déjà pu être trouvé. L'équipe portugaise a décrit ses résultats dans les Scientific Reports.

    Un théropode à la base de son arbre phylogénique

    C'est en ramenant les œufs au muséum que les paléontologues ont mesuré la valeur de leur butin. Les débris d'œufs avaient conservé des os d’embryons. Ces fragments d'embryons ne mesuraient pas plus de 15 cm, mais ils ont permis d'identifier l'espèceespèce. Le site de nidification appartient au Torvosaurus, un prédateur voisin du Tyrannosaurus rex qui régnait il y a 150 millions d'années. L'espèce mesure à l'âge adulte neuf mètres de long.

    Le Torvosaurus appartient aux théropodes, un groupe qui comprend tant les T. rex que les oiseaux modernes. Mais cette espèce est l'une des plus primitives du groupe. On la qualifie de théropodethéropode basalbasal, c'est-à-dire qu'elle est rattachée aux premières branches de l'arbrearbre phylogénique du groupe.

    Les coquilles sont très bien conservées et montrent une série de pores tous interconnectés. Ceux-ci permettent au liquideliquide dans lequel baignent les embryons d'échanger avec l'airair extérieur et de capter de l'oxygène. La taille et la forme des pores d'œufs de Torvosaurus suggèrent qu'ils ont été enterrés dans un environnement humide pour l'incubation. Pareille découverte permet aux paléontologues d'en savoir plus sur l'évolution des espèces de dinosaures primitives.