Notre conception de l’Homme de Néandertal a beaucoup évolué ces dernières années. Une nouvelle étude suggère que son corps musclé et ses membres courts le prédisposaient plus à des accélérations rapides qu’à des courses sur de longues distances.


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    L'Homme de Néandertal a disparu après avoir cohabité un temps avec les premiers Hommes modernes. Alors qu'il a longtemps été présenté comme une brute épaisse, on sait désormais qu'il avait des pratiques artistiques, fabriquait des bijoux, des outils... Mais au-delà du débat sur ses compétences intellectuelles, quelles étaient ses capacités physiquesphysiques ?

    Une nouvelle étude britannique parue dans Quaternary Science Reviews s'est penchée sur cette question. Deux de ses auteurs la commentent sur le site The Conversation. Les chercheurs ont d'abord regardé l'environnement dans lequel vivaient les Néandertaliens, qui sont souvent présentés comme des hommes adaptés aux climats froids. En effet, des restes de NéandertalNéandertal ont été trouvés sur des sites qui avaient aussi des restes de mammouths, des mammifères, plutôt adaptés au froid.

    L'homme de Néandertal, qui vivait en Eurasie, est apparu il y a environ 300.000 ans, et a disparu il y a environ 40.000 ans. Malheureusement, il existe peu de restes fossiles des Néandertaliens les plus anciens, qui vivaient il y a plus de 130.000 ans, avant le dernier âge glaciaire. Nous avons plus d'informations sur ceux qui vivaient il y 20.000 à 60.000 ans dans le nord-ouest de l'Europe. En étudiant les couches sédimentaires où avaient été retrouvés des Néandertaliens, les auteurs ont trouvé des rongeurs et d'autres petits animaux qui vivaient plutôt dans les périodes chaudes de cette période de glaciationsglaciations.

    Un corps adapté à la chasse en forêt ou au froid ?

    Ici, les auteurs ont fait l'hypothèse que Néandertal chassait plutôt dans un environnement boisé, et pas forcément dans une toundratoundra. Dans une forêt, il faut se cacher derrière des arbresarbres et être prêt à courir vite si une proie arrive. À l'inverse, la chasse dans une zone herbeuse, dans la toundra, nécessite plus d'endurance. Les chercheurs pensent donc que Néandertal était plutôt adapté au sprint qu'à la course sur de longues distances.

    Modélisation d'un néandertalien à côté de son squelette. Exposition du Musée national de la nature et des sciences de Tokyo. © Photaro, Wikipedia, CC by-sa 3.0
    Modélisation d'un néandertalien à côté de son squelette. Exposition du Musée national de la nature et des sciences de Tokyo. © Photaro, Wikipedia, CC by-sa 3.0

    Ceci semble cohérent avec son apparence physique. Chez les athlètes, les coureurs de fond sont plutôt minces et possèdent de longs membres, tandis que les coureurs de 100 mètres sont généralement plus musclés. La carrure de Néandertal correspond plus à celle d'un sprinter qu'à celle d'un marathonien.

    Pour valider cette hypothèse, les chercheurs se sont appuyés sur des travaux de 2016 qui avaient mis en évidence des variants génétiquesgénétiques spécifiques aux sprinters ou aux coureurs de fond. Résultat : « La majorité de ces variants génétiques associés à la puissance étaient en fait beaucoup plus courants chez les Néandertaliens que chez l'Homme aujourd'hui. »

    La morphologiemorphologie de Néandertal était donc probablement adaptée à son environnement - la forêt - et son mode de chasse. Ces résultats vont donc à l'encontre de l'idée selon laquelle la corpulence de Néandertal correspondait à une adaptation au froid. Cependant, ces travaux réalisés sur un petit nombre de Néandertaliens doivent aussi être considérés avec précaution.