Le râle de cuvier est un oiseau de la taille d’un poulet. Il est incapable de voler. Et les chercheurs viennent de montrer qu’il y a 136.000 ans, cet étonnant oiseau avait disparu des îles Aldabra. Mais quelque chose semble lui avoir permis de revenir d’entre les morts.


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    Les îles Aldabra, situées dans l'océan Indien, sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Elles accueillent la plus grande population de tortues géantes des Seychelles. Elles abritent aussi un étonnant oiseau : le râle de cuvier. Un oiseau qui ne peut pas voler.

    Mais ce qui le rend si étonnant aux yeuxyeux des scientifiques, c'est qu'il est parvenu à coloniser ces îles isolées à deux reprises. Il y a environ 136.000 ans, en effet, les îles ont disparu sous les eaux et avec elles, le râle de cuvier puisqu'incapable de voler. Or aujourd'hui à nouveau, on trouve des râles de cuvier sur les îles Aldabra.

    À gauche, des os fossilisés des ailes du râle de cuvier désormais incapable de voler. À droite, des os fossilisés des ailes de l’ancêtre volant du râle de cuvier, le râle à gorge blanche. © Julian Hume, National History Museum
    À gauche, des os fossilisés des ailes du râle de cuvier désormais incapable de voler. À droite, des os fossilisés des ailes de l’ancêtre volant du râle de cuvier, le râle à gorge blanche. © Julian Hume, National History Museum

    Quand l’évolution se répète

    Pour comprendre, les chercheurs ont étudié des os fossilisés de ces oiseaux datant d'avant et d'après l'inondation des îles. Sur tous, ils ont pu identifier des preuves d'une perte de la capacité à voler. « Cela prouve qu'à partir d'un ancêtre unique, venant probablement de Madagascar, le râle de cuvier a su s'établir sur ces îles à deux reprises, espacées dans le temps de plusieurs milliers d'années. Et les deux fois, il a perdu sa capacité à voler », indique Julian Hume, paléontologuepaléontologue au National History Museum (Royaume-Uni).

    Un phénomène extrêmement rare qualifié d'évolution répétitive ou itérative. C'est la première fois qu'il est mis en évidence de manière aussi irréfutable chez le râle et même chez l'oiseau en général. Et c'est probablement l'absence de prédateurs, et plus largement de compétition avec d'autres animaux, qui a rendu possible ce type d'évolution similaire à deux moments distincts de l'histoire.