En passant au crible des données de satellites, et en les combinant à des modèles météorologiques, des chercheurs ont trouvé une nouvelle boucle de rétroaction contribuant à l'aggravation des incendies, liée à la fumée noire dégagée par les feux de forêt.

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Difficile de ne pas se rappeler des incendies dévastateurs de cet été lorsque l'on évoque les feux de forêt. Plusieurs dizaines d'hectares ravagés en Gironde, dans la forêt des Landes, des départs de feux différents en juillet et août, et des paysages qui mettront des dizaines d'années à se remettre. Et ces feux de forêt, comme le démontre une nouvelle étude publiée dans Sciencepeuvent s'autoalimenter.

Une étude précédente montrait qu'ils pouvaient créer leur propre vent, propageant d'autant plus l'incendie dans toutes les directions. La nouvelle va dans ce sens, en décrivant les conditions météorologiques locales créées par la fumée des feux de forêt, qui accélèrent à leur tour l'expansion des feux de forêt et l'exposition à la pollution de l'air à l'échelle régionale. 

Les chercheurs ont identifié une boucle de rétroaction qui alimente les feux de forêt. © toa555, Adobe Stock
Les chercheurs ont identifié une boucle de rétroaction qui alimente les feux de forêt. © toa555, Adobe Stock

Une rétroaction météo-incendie fortement inattendue

Pour leur étude, les chercheurs ont ciblé deux régions fortement sujettes aux feux de forêt et densément peuplées : la Méditerranée, la côte ouest des États-Unis et l'Asie du Sud-Est. Ils ont ensuite passé au crible des images de satellites et d'autres prises depuis la Terre pour chaque région, et les ont combinées avec des modèles couplant chimie et météorologie afin de déceler des liens entre différents processus à court terme. Parmi les facteurs météorologiques, on compte notamment l'humidité, la vitesse du vent, ou même les précipitations.

Et ils ont découvert un mécanisme de rétroaction commun à chaque région : les effets radiatifs des aérosols de carbone noir provenant de la fumée des feux modifient les conditions météorologiques, et aggravent la propagation de l'incendie. Ces aérosols « emprisonnent et absorbent l'énergie solaire, modifiant les modèles locaux de vent et de précipitations et, en fin de compte, augmentant les émissions de feu », explique l'étude. Et, dans le même temps, la pollution atmosphérique.

Selon eux, cette découverte devrait permettre d'améliorer les stratégies d'atténuation des incendies de forêt. « Compte tenu de la persistance et de la propagation des incendies de forêt et des réactions météo-incendie, l'extinction précoce des incendies dans des régions d'amplification pré-identifiées, basée sur des prévisions en temps quasi réel, pourrait éviter certains incendies de forêt extrêmes », déclarent les auteurs.