En Guyane, cette centrale solaire exploite un stockage sous forme de batteries et d'hydrogène comprimé, de capacité exceptionnelle, afin de lisser la production. L'installation sera compétitive face aux autres sources d'électricité, comme l'explique Sylvain Charrier, responsable de HDF Energy.

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    Plus grosse que celle de TeslaTesla : HydrogèneHydrogène de France (HDF Energy) va construire en Guyane la plus grosse centrale du monde de production et stockage d'électricité renouvelable. Son parc de panneaux photovoltaïques de 55 MW sera couplé avec une capacité de stockage de 120 MWh à base d'hydrogène, plus un stockage d'appoint par batteries lithium-ion de 20 MWh. Soit 140 MWh au total, contre 129 MWh pour celle de Tesla, située en Australie.

    « L'alliance de deux technologies de stockage permet de profiter des avantages de chacune, détaille Sylvain Charrier, le directeur du développement de HDF pour l'Outre-mer. L'hydrogène stocke l'énergieénergie sur de longues périodes, tandis que les batteries sont capables de restituer l'électricité très rapidement, dans la milliseconde. » L'électricité solaire sert à hydrolyser de l'eau, produisant de l'hydrogène (et de l'oxygène), stocké sous forme de gazgaz comprimé dans de grands conteneurs de 12 mètres de long. L'opération inverse produit de l'électricité dans une pile à combustiblespile à combustibles. Ainsi, « la centrale ne rejettera que de l'oxygène et de la vapeur d'eau », assure Sylvain Charrier.

    L’électricité solaire est stockée sous forme de gaz comprimé dans des bouteilles empilées à l'intérieur de conteneurs de 12 mètres de long. © HDF Energy

    L’électricité solaire est stockée sous forme de gaz comprimé dans des bouteilles empilées à l'intérieur de conteneurs de 12 mètres de long. © HDF Energy

    Avec le stockage, le taux de disponibilité atteint 85 %

    La Centrale électrique de l'Ouest guyanais (CEOG) pourra alimenter l'équivalent de 10.000 foyers en énergie verteénergie verte à raison de 10 MW en journée (en tenant compte du pic de consommation de fin de journée) et 3 MW la nuit, en heures creuses. Pour Sylvain Charrier, cette future centrale électrique s'apparente donc plus à une production par gaz ou nucléaire, capable de fournir du courant de façon continue. « Notre taux de disponibilité (le pourcentage du temps durant lequel la centrale est effectivement opérationnelle) est supérieur à 85 %, contre 83 % pour le thermique, 82 % pour le nucléaire, ou 18 % à 20 % pour le solaire. »

    Le projet, qui a coûté 90 millions d'euros, n'a nécessité aucune subvention publique. « Nous sommes la preuve concrète que la production et le stockage à partir d’énergies renouvelables peuvent être économiquement rentables », se félicite Sylvain Charrier. « CEOG démontre que la Guyane peut tendre vers l'autonomieautonomie énergétique », a également loué le président de la Collectivité territoriale de Guyane Rodolphe Alexandre.

    HDF a réalisé en 2018 une autre première mondiale avec l'installation en Martinique d'une pile à combustibles de 1 MW valorisant l'hydrogène coproduit par la raffinerie de la Sara (Société anonyme de la raffinerie des Antilles). « Le gaz était jusqu'ici perdu ou brûlé dans des torchères », appuie Sylvain Charrier. L'entreprise a d'autres projets de batteries de stockage en France métropolitaine et elle est par ailleurs en train de construire sa propre usine de piles à combustibles en Aquitaine, qui devrait être opérationnelle en 2019.