Que s’est-il passé pour les plantes au cours des cinquante dernières années d’agriculture intensive ? Comment ont-elles réagi à la modification de leurs habitats et aux mesures de conservation ? Pour répondre à ces questions, des chercheurs britanniques sont revenus sur des zones dont la végétation avait été étudiée il y a un demi-siècle.

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    L’agriculture a façonné les paysages et la nature, son intensification laisse peu de place à cette dernière. En 50 ans, cette intensification a appauvri et banalisé la diversité végétale. © Richardmasoner CC by-sa

    L’agriculture a façonné les paysages et la nature, son intensification laisse peu de place à cette dernière. En 50 ans, cette intensification a appauvri et banalisé la diversité végétale. © Richardmasoner CC by-sa

    En réétudiant 107 stations enregistrées entre 1949 et 1951, les chercheurs anglais veulent déterminer les conséquences de cinquante ans d'agriculture intensive sur la végétation du milieu. Ils cherchent plus précisément à :

    • Evaluer la modification des habitats ;
    • Quantifier les tendances de dominance végétale ;
    • Analyser les tendances des caractéristiques végétales qui pourraient expliquer les changements floristiques ;
    • Evaluer l'efficacité des mesures de conservation.

    Après l'étude des plantes de ces stations du Bedfordshire en Angleterre, dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue Biodiversity and Conservation, l'équipe de Kevin Walker de la Botanical Society of the British Isles a noté une baisse globale de la diversité végétale. Les deux tiers des espèces enregistrées ont décliné tandis que seul un tiers d'entre elles ont vu leurs effectifs croître.

    C'est sur les terres arables, les terres incultes et les prairies au sol neutre ou acideacide que les changements sont les plus importants. En revanche, la végétation des bois, prairies et marais calcaires est restée remarquablement stable.

    Encore une victime des engrais

    Les causes de ces changements sont l'intensification de l’agriculture et les changements dans la rotation des cultures, auxquelles s'ajoutent d'autres facteurs comme le développement d'espèces invasives, très localement.

    En ce qui concerne les tendances des caractéristiques végétales, les évolutions touchent à la rareté et à la spécificité des habitats ainsi qu'à la disponibilité des nutrimentsnutriments. Les espèces eutropheseutrophes (exigeantes en éléments nutritifs) de grande taille se sont développées aux dépens des espèces spécialisées, ce qui est aussi observé à l'échelle nationale. L'explication avancée à est l'eutrophisationeutrophisation généralisée des écosystèmesécosystèmes causée par les engrais et, peut-être, l'abandon de la gestion des plaines et des forêts.

    Enfin, les mesures de conservation se sont révélées peu efficaces pour empêcher la modification des habitats. La conservation des habitats dépend en fait fortement de la réduction des quantités d'engrais utilisées.

    Globalement, la biodiversitébiodiversité végétale a donc diminué et s'est accompagnée d'une banalisation des espèces aux dépens des espèces spécialisées, sans que les mesures de conservation puissent réellement protéger les habitats. L'eutrophisation des sols par les engrais, y compris dans les zones protégées, est pointée du doigt pour son rôle dans la modification des cortèges floristiques.