Ce mercredi 2 août 2023 marque le Jour du dépassement, moment où l'empreinte écologique de l'humanité dépasse la biocapacité de la planète Terre. Un indicateur utile pour alerter sur la situation écologique catastrophique provoquée par nos activités, mais qui trouve tout de même ses limites. Et l'une d'entre elles est l'anthropocentrisme. Explications.


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    Ça y est, nous y sommes : à partir d'aujourd'hui, 2 août, nous vivons « à crédit ». Autrement dit nous, humains, avons épuisé toutes les ressources que la Planète est capable de générer sur une année. Notre mode de vie moyen (pour toute l'humanité) nécessite 1,75 Terre par an. Bref : nous consommons beaucoup trop, à un rythme démentiel. C'est grâce aux calculs de l'ONG américaine Global Footprint Network que le couperet tombe tous les ans, toujours un peu plus tôt (hors circonstances exceptionnelles comme la crise sanitairecrise sanitaire). Un indicateur bien utile... mais tout aussi imparfait. Un de ses principaux défauts ? Notre anthropocentrisme.

    Un indicateur anthropocentré

    « Il considère que toute la biocapacité [de la planète, NDLRNDLR] est potentiellement disponible pour répondre aux besoins de l'humanité, rapportait en 2022 Aurélien Boutaud à Reporterre. Or, on sait très bien qu'il faudrait probablement ne pas intervenir sur 10 à 20 % de la biosphère afin de maintenir des « points chauds » de biodiversité », pointe le chercheur associé à l'UMR 5600 Environnement Ville et société du CNRS et co-auteur de L’Empreinte écologique. 30 % de la biosphère, même, si l'on en croit l'objectif international 30x30, qui vise à protéger 30 % des terres émergées et 30 % des océans d'ici 2030. Dans ce rapport publié en 2019, les scientifiques recommandent de protéger, entre autres, des points chauds de biodiversité où les activités humaines sont limitées ou réglementées pour garantir une protection globale du vivant et de ses fonctions essentielles. Celle-ci assure en effet des services écosystémiques (comme la pollinisation, par exemple), la régulation des populations d'agents pathogènespathogènes potentiellement dangereux pour la santé humaine, la régulation du CO2 ou encore la qualité de notre cadre de vie. Mais revenons à nos « points chauds ».

    Carte des derniers « points chauds » (<em>hot spots</em>) de biodiversité sur Terre. © VectorMine, Adobe Stock
    Carte des derniers « points chauds » (hot spots) de biodiversité sur Terre. © VectorMine, Adobe Stock

    Les points chauds, pierre angulaire de la biodiversité

    Ce sont des régions terrestres et maritimes -- principalement des zones de forêts tropicales humides -- particulièrement riches en biodiversité et où vivent de nombreuses espècesespèces endémiquesendémiques et menacées. Malgré leur petite superficie, elles abritent une importante proportion de la biodiversité mondiale. Le scientifique Norman Myers et son équipe de l'université d'Oxford, qui ont développé le concept, en ont identifié 34 dans le monde, dont cinq en France. Au total, ces points chauds couvrent 2,3 % de la surface terrestre, et chacun accueille au moins 1 500 espèces endémiques.

    Les points chauds et, de façon plus générale, la biodiversité, sont, malgré tout, aux abonnés absents dans le calcul du Jour du dépassement, malgré les menaces qui pèsent sur celle-ci (chaque point chaud a perdu plus de 70 % de sa végétation d'origine !). À méditer sans pour autant nier l'utilité de cet indicateur, qui permet de braquer les projecteursprojecteurs sur le fléau de la surconsommation.

    Les curieux et désireux d'en savoir plus iront voir du côté des études portant sur les limites planétaires, un ensemble de seuils au-delà desquels les activités humaines risquent de mettre en danger la capacité de la planète Terre à abriter la vie telle que nous la connaissons.