Une récente étude menée par des scientifiques américains montre que la fonte de la glace immergée de l’Antarctique et du Groenland pourrait s'accélérer au-delà de ce que les modèles ne prévoyaient.

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    Un iceberg se détache d'un glacier au Groenland. © ollithebastard, Flickr, CC by 2.0

    Un iceberg se détache d'un glacier au Groenland. © ollithebastard, Flickr, CC by 2.0

    Jusqu'à présent, concernant la fonte des glaces, les scientifiques s'étaient surtout intéressés à l'impact du réchauffement atmosphérique. Mais qu'en est-il de l'impact du réchauffement de l'eau ? Dans une étude parue dans Nature Geoscience, des chercheurs américains ont montré que l'océan qui entoure le Groenland subira une augmentation de température de 1,7 °C à 2 °C à l'horizon 2100 (voir le graphique ci-dessous). Concernant l'Antarctique, l'augmentation serait moindre (0,6 °C).

    « Si vous laissez un glaçon dans une pièce chaude, il va mettre plusieurs heures pour fondre. Mais si vous le mettez dans de l'eau chaude, il fondra en quelques minutes ». C'est avec ce préambule que Jianjan Yin, chercheur à l'université d'Arizona, explique le mécanisme de la fontefonte des parties immergées des glaciers du Groenland et de l'Antarctique.

    Boîte à moustache montrant l'estimation des températures au Groenland et en Antarctique en 2100 et 2200, avec les 19 modèles utilisés (points gris, rouges et bleus) dans l'étude. La boîte montre la médiane et les 1<sup>er</sup> et 3<sup>e</sup> quartiles (un quart des mesures se situent sous le premier quartile et un quart au-dessus du troisième), la ligne pointillée grise montre la moyenne et les moustaches montrent les 5<sup>e</sup> et 95<sup>e</sup> centiles (même principe que les quartiles). Adapté de Yin <em>et al.</em>, 2011. © Jianjun Yin, Université d'Arizona

    Boîte à moustache montrant l'estimation des températures au Groenland et en Antarctique en 2100 et 2200, avec les 19 modèles utilisés (points gris, rouges et bleus) dans l'étude. La boîte montre la médiane et les 1er et 3e quartiles (un quart des mesures se situent sous le premier quartile et un quart au-dessus du troisième), la ligne pointillée grise montre la moyenne et les moustaches montrent les 5e et 95e centiles (même principe que les quartiles). Adapté de Yin et al., 2011. © Jianjun Yin, Université d'Arizona

    Impact sur la montée des eaux

    Les glaces qui sont immergées ne peuvent donc pas être considérées comme celles qui sont émergées et on ne peut pas prédire leur devenir en utilisant les mêmes modèles. C'est pour cela que 19 modèles extrêmement précis ont ici été utilisés pour prévoir l'évolution des inlandsisinlandsis jusqu'en 2200.

    L'augmentation prévue par ces modèles est nettement supérieure à la moyenne de 1 °C calculée par les anciens modèles qui ne prenaient pas en compte le réchauffement de l'eau. La conséquence de cette augmentation de température est la fonte de la glace immergée à des profondeurs comprises entre 200 et 500 mètres, ce qui entraînerait une augmentation du niveau de la mer.

    Fonte par les glaciers côtiers

    Le réchauffement des eaux serait directement lié à la fonte des glaciers côtiers qui se terminent dans la mer à des profondeurs allant jusqu'à 1.000 mètres. Au niveau de la frontière entre l'inlandsis et la mer, ils agissent comme des barrières, empêchant le glacier de glisser vers la mer. 

    Fragilisées par la fonte des parties sous-marines exposées à un réchauffement de l'eau, ces barrières ne joueraient plus leur rôle. Cela provoquerait un accroissement du flux des glaciers vers la mer, accélérant encore un peu plus la montée des eaux. Ce phénomène, qui avait déjà été observé, ne pouvait cependant pas être imputable au réchauffement atmosphérique uniquement, confirmant les thèses de Yin et ses collègues.